Bousculade meurtrière en Indonésie : après le drame, la police sous le feu des critiques
Bousculade meurtrière en Indonésie : après le drame, la police sous le feu des critiques
Des membres de l’armée indonésienne aux abords du terrain du stade de Malang (Indonésie), le 2 octobre 2022. STR / AFP
Après le " mouvement de foule " qui a fait au moins 125 morts dans un stade de football en Indonésie, des voix s’élèvent pour dénoncer l’usage du gaz lacrymogène par les " forces de l’ordre " contre les milliers de supporters qui avaient envahi le terrain.
Samedi 2 octobre, au moins 125 personnes sont mortes en Indonésie du fait d’un " mouvement de foule " provoqué par des fans en colère ayant envahi un terrain de football après un match et par le tir de gaz lacrymogènes par les " forces de l’ordre ".
Depuis le drame, la responsabilité de ces derniers dans ce drame est désormais pointée du doigt. Cette tragédie, l’une des pires jamais survenues dans un stade, qui s’est déroulée dans la ville de Malang, dans l’est de l’île de Java, a aussi fait 323 blessés, selon un dernier bilan.
Tout a commencé quand des fans de l’équipe locale du " Arema FC " ont pénétré sur le terrain du stade " Kanjuruhan ", à Malang, après la défaite de leur équipe 3 à 2 contre celle de Persebaya Surabaya, la ville voisine.
Le stade contenait 42 000 personnes et était au complet selon les autorités. Quelque 3 000 d’entre elles ont envahi le terrain après le match. La police, qui a qualifié cet incident d’ " émeutes ", a tenté de persuader les fans de regagner les gradins et a envoyé vers le public du gaz lacrymogène après la mort de deux policiers, ce qui a provoqué des bousculades et des mouvements de foules incontrôlés.
De nombreuses victimes ont été piétinées.
Le vice-gouverneur de la province de Java Est, Emil Dardak, a annoncé dimanche soir une révision à la baisse du bilan, qui passe de 174 à 125 morts, en raison d’un double comptage.
« Le bilan est aujourd’hui de 125 morts. 124 ont été identifiés et un ne l’a pas été. Certains noms avaient été enregistrés deux fois », a indiqué le responsable sur la chaîne " Metro TV ".
Grandes quantités de lacrymogène
" Les joueurs passaient avec des victimes dans leurs bras ", a raconté l’entraîneur du " Arema FC ", Javier Roca, à la radio espagnole " Cadena Ser ".
" C’était comme une avalanche (...), tout a pris des proportions dramatiques en raison du nombre de personnes qui voulaient fuir ", a-t-il poursuivi, estimant que " la police est allée trop loin ".
« En regardant les images, ils [les policiers] auraient peut-être pu utiliser d’autres méthodes ", a-t-il poursuivi.
Des survivants ont décrit des spectateurs pris de panique, bloqués par la foule, quand la police a tiré des grenades de gaz lacrymogènes.
Des images prises à l’intérieur du stade montrent une énorme quantité de gaz et des personnes s’agrippant aux barrières, tentant de s’échapper.
D’autres portaient des spectateurs blessés, se frayant un chemin à travers le chaos.
« Des policiers ont projeté du gaz lacrymogène et les gens se sont aussitôt précipités pour sortir en se poussant les uns les autres et ça a provoqué beaucoup de victimes , raconte un spectateur. Il n’y avait rien, pas d’émeutes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Ils ont soudainement envoyé du gaz lacrymogène. »
Le gouvernement réclame des mesures
" Amnesty International " a appelé à une enquête " sur l’utilisation des gaz lacrymogènes " par la police et à faire en sorte que ceux ayant " commis des violations soient jugés ".
À Djakarta, la capitale, quelque 300 supporters de football, dont des " ultras ", se sont rassemblés pour une veillée funèbre devant le stade " Gelora Bung Karno ", le plus grand du pays.
Certains ont scandé " meurtriers " et ont lancé des feux d’artifice en signe de protestation.
Le président indonésien Joko Widodo a ordonné dimanche 3 octobre " une évaluation complète des matchs de football et des procédures de sécurité ".
Il a demandé à " l’Association nationale du football " de suspendre tous les matchs jusqu’à des " améliorations de la sécurité ".
De son côté, le ministre indonésien en charge de " la Sécurité " a appelé ce lundi 3 octobre la police indonésienne à " identifier " ceux qui " ont perpétré les crimes ", estimant que " des mesures doivent être prises contre eux ".
La Rédaction
Marianne.fr