Zelensky réclame des missiles de longue portée et des avions de combat : la surenchère " militariste " continue

, par  DMigneau , popularité : 0%

Zelensky réclame des missiles de longue portée et des avions de combat : la surenchère " militariste " continue

Crédits photo : ARCHIVES AFP

Ce mercredi, Volodymyr Zelensky a réclamé des missiles de longue portée et des avions de combat auprès de ses alliés occidentaux. Une demande qui s’inscrit dans la continuité du saut dans l’escalade guerrière opérée avec l’envoi de chars lourds à l’Ukraine.

Ce mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé des missiles de " longue portée " et des avions de combat auprès de ses alliés occidentaux.

Cette demande fait suite à l’annonce de l’envoi de chars lourds par l’Allemagne, qui a confirmé ce mercredi, par l’intermédiaire de son chancelier Olaf Scholz, l’envoi prochain de 14 " Leopard 2 " en Ukraine.

Dans la foulée des annonces du chancelier allemand, Joe Biden a également annoncé l’envoi de 31 chars " Abrams M1 ". En réalité, de l’avis de plusieurs analystes par rapport à des déclarations de responsables allemands, il est très probable que l’Allemagne ait pris cette décision non seulement à la suite des pressions, mais surtout en suivant la politique " nord-américaine " (Biden était lui aussi réticent à envoyer des tanks lourds).

Ces annonces ont été saluées par le gouvernement de Rishi Sunak, qui a déjà annoncé l’envoi de " Challengers 2 ", par celui d’Emmanuel Macron, qui n’exclue pas l’envoi de chars " Leclerc ", et, surtout, par celui de Volodymyr Zelensky, qui a affirmé : « Je remercie tous nos alliés pour leur volonté de nous donner des chars modernes et indispensables  ».

Avant d’ajouter : " La clé est maintenant la vitesse et le volume. La vitesse d’entraînement de nos militaires, la vitesse des livraisons des tanks [...] et le volume du soutien. "

L’envoi de chars lourds constitue un pas franchi dans l’escalade militaire, notamment pour l’Allemagne, jusqu’ici réticente à envoyer des chars à l’Ukraine, et qui a, en quelques semaines, annoncé l’envoi de chars légers, puis de chars lourds.

Cela constitue un saut sans précédent dans le soutien de l’OTAN à l’Ukraine depuis le début du conflit et devrait permettre à l’armée ukrainienne d’élever le niveau de ses troupes, puisque les chars lourds sont destinés aux combats de " haute intensité " et à la destruction de véhicules adverses.

Suite à ces annonces, Volodymyr Zelensky a réclamé ce mercredi des missiles de " longue portée " et des avions de combat.

Dans son allocution quotidienne publiée sur les " réseaux sociaux ", il explique ainsi : " Nous devons également permettre la livraison de missiles à longue portée à l’Ukraine, c’est important. Nous devons également élargir notre coopération dans l’artillerie et [rendre possible] l’envoi d’avions de combat. "

Le gouvernement néerlandais avait déjà émis la possibilité d’envoyer des avions de chasse « F-16 » et la Slovaquie de céder l’ensemble de sa flotte de " MIG 29 ", des avions " soviétiques " que les pilotes ukrainiens sont en capacité de piloter sans formation supplémentaire.

Or, les « Occidentaux » pourraient répondre par la positive à cette demande et le média américain " Politico " explique que " des conversations avec plus d’une demi-douzaine de responsables militaires et de diplomates occidentaux confirment qu’un débat interne sur la fourniture d’avions de chasse à l’Ukraine est déjà en cours. "

De telles fournitures constitueraient un nouveau saut dans " l’escalade militaire " : d’abord les « Occidentaux » ont envoyé des lance-missiles " Javelins ", avant d’envoyer des systèmes de défense aérienne, des lance-roquettes " HIMARS " et des missiles sol-air " Patriot ".

Toujours selon " Politico ", un diplomate européen aurait affirmé que la fourniture d’avions de chasse n’était " qu’une question de temps " et l’ambassadeur américain auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a d’ores et déjà annoncé que Washington serait " d’accord avec l’idée de certains partenaires de transférer des avions de combat F-16 en Ukraine ".

Très polyvalents et utiles lors des combats aériens, les avions « F-16 » sont les avions de chasse les plus utilisés dans le monde et constituent 16 % de la flotte de combat mondiale. Néanmoins, l’envoi d’avions de chasse comporte des difficultés logistiques, puisque les avions « F-15 » et « F-16 » ont besoin de pistes longues et de qualité, ce qui manque à l’Ukraine.

" Politico " explique ainsi : " Selon les experts, il serait facile pour la Russie de repérer toute tentative de construction de bases opérationnelles et de les frapper ".

Le journal continue : « Les chasseurs américains " F-18 " ou les " Gripen " de fabrication suédoise seraient plus appropriés, a déclaré Justin Bronk, chargé de recherche principal sur la puissance aérienne au sein du groupe de réflexion britannique " RUSI ", car ils peuvent décoller à partir de pistes d’atterrissage plus courtes et nécessitent moins de maintenance. Mais les deux jets sont relativement rares. »

Ce saut dans " l’escalade militaire " intervient dans un contexte d’offensive de l’armée russe ces derniers jours et quelques jours après la prise de la ville de Soledar dans le Donbass par l’armée russe.

L’envoi de cet armement prépare " l’escalade guerrière " et permet d’installer la nécessité d’un renforcement du complexe " militaro-industriel ". Pour les pays occidentaux, il permet aussi de se préparer à " l’après-guerre ", quand toutes les puissances capitalistes se disputeront la reconstruction de l’Ukraine.

Dans tous les cas, cette " surenchère guerrière " ne sert que les profits et les intérêts géopolitiques des pays de l’OTAN et à enrichir le patronat de l’industrie militaire aux dépends des populations locales qui sont les premières victimes de la guerre et ses affres.

Le bellicisme occidental est en train d’encourager le gouvernement Zelensky qui devient de plus en plus gourmand d’armements lourds et sophistiqués. Parallèlement, " l’escalade " actuelle ouvre dangereusement les possibilités " d’accidents " qui mènent à un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie au cœur de « l’Europe ».

Sous prétexte de combattre l’agression de Poutine, les puissances « impérialistes » préparent les esprits et les opinions publiques à des sacrifices, voire à de nouvelles guerres ; le tout sur le dos des populations ukrainiennes et russes prises " en tenaille " entre des pouvoirs « réactionnaires » d’un côté et de l’autre.

Plus que jamais, il faut réaffirmer notre position révolutionnaire et de classe, indépendante aussi bien de la Russie de Poutine que du gouvernement « réactionnaire » de Zelensky et ses " maîtres " impérialistes. Dans toute l’UE et les Etats-Unis, le mouvement ouvrier doit se mobiliser pour mettre un arrêt à cette escalade irresponsable. Une telle mobilisation pourrait encourager la classe ouvrière en Russie et en Ukraine à se battre contre leurs gouvernements afin de mettre une fin à cette guerre « réactionnaire ».

Irène KARALIS

Revolutionpermanente.fr