Un rapport pointe le caractère " massif " des violences gynécologiques et obstétricales
Un rapport pointe le caractère " massif " des violences gynécologiques et obstétricales
Un rapport du " Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes " révèle que les actes sexistes sont courants dans le suivi gynécologique et obstrétrical - Fred Dufour / AFP
Missionné par Marlène Schiappa l’été dernier en plein débat sur les violences obstétricales, le " Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes " a rendu son rapport ce 29 juin. Il confirme l’existence d’un phénomène bien réel même si mal évalué et préconise certaines solutions.
C’est fin 2014 que le " #PayeTonUterus " sur " Twitter " révèle au grand jour la réalité des violences gynécologiques et obstétricales. Parmi les 7 000 témoignages qui seront recueillis en moins de 24h, on trouve : « Demander à son médecin s’il existe une contraception non-hormonale et avoir pour réponse ’’ l’abstinence " » ; « Quand ils refusent de te donner un calmant/antidouleur lors d’une IVG non médicamenteuse pour " que tu retienne la leçon " » ; « Je sursaute car il me fait mal. Il me dit : " vous n’êtes pas censée prendre du plaisir, veuillez vous calmer ! " ».
Ces récits sont repris dans le rapport du " Haut conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes ", qui qualifie de " sexistes " ces violences subies durant le suivi gynécologique et obstétrical, et fait 26 recommandations pour y remédier.
Ce rapport a été commandé par la Secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, en juillet 2017 afin " d’objectiver le phénomène " et " d’identifier les leviers pour améliorer la situation ".
Elle avait alors dénoncé l’existence de " 75 % d’épisiotomies " et " de pratiques obstétricales non consenties, avec notamment des violences obstétricales " réalisées en France.
Des propos qui avaient fait " monter au créneau " les représentants des gynécologues, outrés de voir leur profession ainsi pointée du doigt.
La nécessité d’une prise de conscience
Si le rapport reconnaît que les données disponibles sont encore peu nombreuses, il souligne que " le caractère massif des récits de femme montre qu’il ne s’agit pas de faits isolés mais bien d’un sexisme très présent et qui touche un grand nombre de femmes ".
Le " Haut conseil " invite à " une prise de conscience des pouvoirs publics " qui passerait notamment par la réalisation d’une enquête de santé publique sur le suivi gynécologique, la prévention et la formation.
Car " les violences gynécologiques et obstétricales sont les actes sexistes les plus graves qui peuvent se produire dans le cadre du suivi gynécologique et obstétrical des femmes ", indique le rapport.
Les femmes ont en moyenne 50 consultations gynécologiques et obstétricales au cours de leur vie, et 6 % de femmes se déclarent " pas du tout " ou " plutôt pas " satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement.
Mais les actes sexistes restent encore majoritairement impunis. Le faute, selon le " Haut conseil ", à une méconnaissance sociale et professionnelle de ces actes ainsi qu’un tabou qui complique la prise de parole des femmes.
Une formation médicale " paternaliste et autoritaire "
La ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn, souhaite que les professionnels de santé soient formés " à l’empathie, à savoir parler aux gens ", reconnaissant que " la formation médicale est aujourd’hui encore très paternaliste et autoritaire ". Un fait qui se traduit dans les chiffres : 86 % des internes de médecine déclarent avoir été exposés à du sexisme.
Pour combler ce vide juridique et psychologique, le HCE recommande la définition de normes pour un suivi gynécologique et obstétrical respectueux et adapté ainsi que l’amélioration des procédures de signalement de ces pratiques et leur condamnation.
Car si pour le moment, ces violences sont encore méconnues, leurs conséquences sont nombreuses pour les femmes. Le HCE ponte notamment un sentiment de culpabilité, une perte de l’estime de soi, un état de stress post-traumatique, une errance médicale par peur de consulter de nouveau, des séquelles physiques, ou encore une altération de la relation de couple…
Cyrielle Thevenin
Marianne