Trump vs. la Corée du Nord : la guerre des mots monte d’un ton
Trump vs. la Corée du Nord : la guerre des mots monte d’un ton
Donald Trump promet " le feu et la colère ” à la Corée du Nord. - Evan Vucci/AP/SIPA
Face aux menaces de la Corée du Nord, Donald Trump semble vouloir calquer sa rhétorique sur celle de Pyongyang. Inquiétant plus qu’il ne rassure…
Donald Trump aime à montrer qu’il n’a pas peur des mots. Ce mardi 8 août, en vacances dans son club de golf dans le New Jersey, le président américain a promis rien de moins que de déclencher “ le feu et la colère ” sur la Corée du Nord si cette dernière poursuit ses menaces contre les États-Unis.
“ La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les États-Unis ", a-t-il prévenu, promettant une réaction d’une ampleur " que le monde n’a jamais vue jusqu’ici ".
Le président des Etats-Unis réagissait à une déclaration de Pyongyang qui avait promis la veille de faire payer " un millier de fois " aux Etats-Unis " le prix de leurs crimes ", ou encore de transformer Séoul en " mer de flammes ", à la suite de l’adoption par l’ONU de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord dans le cadre d’une résolution proposée par Washington.
Des paroles ouvertement belliqueuses, conformes au caractère de ce président imprévisible qui semble aujourd’hui vouloir calquer sa rhétorique sur celle de son ennemi.
Pyongyang n’a pas tardé à rétorquer, en déclarant quelques heures plus tard que le pays envisageait d’attaquer l’île de Guam, dans le Pacifique, où se situe une base de l’Air Force américaine.
“ Les États-Unis rêvent s’ils croient que leur continent est un royaume céleste invulnérable ”, a souligné l’armée nord-coréenne, spécialiste de ce registre grotesque.
Escalade des tensions
Une passe d’armes verbale qui fait craindre une escalade des tensions entre les deux pays.
C’est pourtant Donald Trump lui-même qui avait affirmé lors de sa campagne présidentielle que l’élection de Hillary Clinton déclencherait un nouveau conflit mondial.
“ On aura la Troisième Guerre mondiale à cause de la Syrie si on écoute Hillary Clinton ”, avait-il déclaré à Reuters en octobre dernier.
Dans un " tweet " datant de 2013, il condamnait aussi l’administration de Barack Obama en des termes qui prennent un écho particulier aujourd’hui… “ Soyez prêts, il se peut que nos chefs affreux nous mènent à la Troisième Guerre mondiale sans s’en apercevoir ”, écrivait-il.
Mais sur le dossier de la Corée du Nord, Donald Trump a toujours défendu une position ferme, comme le rappelle le " Huffington Post ".
“ Si les négociations échouent, il vaut mieux régler le problème maintenant que le faire plus tard. Ils se moquent de nous et nous prennent pour des idiots. Moi, je dis qu’il faut faire quelque chose pour qu’ils arrêtent ”, disait-il déjà en 1999.
Sauf que maintenant qu’il est à la Maison Blanche, le recours à cette rhétorique inhabituellement violente et menaçante même dans la bouche d’un président américain, Trump inquiète plus qu’il ne rassure.
Si la France, par la voix du porte-parole du gouvernement Christophe Castaner ce mercredi, n’y a vu que la preuve d’une " détermination ", le démocrate Eliot Engel, membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a regretté la " ligne rouge absurde " tracée par Donald Trump, une perche que Kim Jong-un ne va sans doute pas manquer de saisir.
Or, comme l’a souligné sur Twitter John Delury, professeur à l’université Yonsei de Séoul, " vouloir surenchérir avec la Corée du Nord en matière de menaces, c’est comme vouloir surenchérir avec le pape en matière de prières ".
Jenny Che
Marianne