Primaire des " écologistes " : pourquoi des centaines d’inscriptions ont-elles été rejetées ?
Primaire des " écologistes " : pourquoi des centaines d’inscriptions ont-elles été rejetées ?
" Certaines cartes bancaires ont été utilisées plusieurs dizaines de fois, d’autres avaient des numéros de téléphone jetables ", explique Sandra Regol, la n°2 du parti EELV. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Alors que les électeurs peuvent voter en ligne au premier tour de la primaire des " écologistes " jusqu’à ce dimanche 19 septembre, plusieurs centaines d’inscriptions ont été rejetées parce qu’elles ne remplissaient pas les conditions de sécurité, explique la direction du parti EELV à " Marianne ". Quelques dizaines de personnes pourraient tout de même avoir été supprimées des listes par erreur.
" A voté. Rien n’arrêtera la vague Sandrine Rousseau ", fanfaronne le militant « d’extrême droite » Damien Rieu sur les « réseaux sociaux », ce vendredi 17 septembre.
Alors que la primaire des " écologistes " a commencé ce jeudi 16 septembre et doit se terminer dimanche à 17 h00, l’ancien membre de " Génération Identitaire " annonce qu’il a réussi à contourner les dispositifs de filtrage de la primaire " écologiste ".
Un scrutin qu’il espère fausser en votant pour la candidate " éco-féministe " Sandrine Rousseau.
Pendant ce temps, des militants " écolos " authentiques sont en colère. Leur inscription a été rejetée à la suite du " contrôle de sécurité " opéré par le prestataire du parti, l’entreprise " Neovote ", qui n’a pas donné suite à nos sollicitations.
La société met à disposition du parti sa " plateforme ", agréée par le ministère de l’Intérieur et la DGSI (" Direction générale de la sécurité intérieure "), capable de détecter d’éventuelles anomalies.
" Triangulation "
" Plusieurs centaines d’inscriptions ont effectivement été rejetées après les contrôles de sécurité ", confirme à " Marianne " Sandra Regol, « Secrétaire nationale adjointe » du parti " écologiste ", qui assure que le chiffre de 122 000 inscrits annoncé le 13 septembre ne comprend pas ces inscriptions annulées.
Le dispositif de filtrage des inscriptions repose sur une " triangulation ", explique-t-elle.
« On demandait aux électeurs de s’inscrire avec une seule adresse mail personnelle, un numéro de téléphone permanent et un seul numéro de carte bancaire. Nous voulions ces trois conditions pour permettre une triangulation et ainsi éviter qu’une personne puisse voter plusieurs fois », poursuit Sandra Regol qui précise que ce dispositif s’ajoute aux protocoles de sécurité de " Neovote ", qui comprennent notamment une analyse des adresses IP utilisées et du nombre de connexions sur un même ordinateur.
" Si l’inscription a été rejetée, c’est qu’une des conditions n’était pas remplie. Ainsi, certaines cartes bancaires ont été utilisées plusieurs dizaines de fois, d’autres avaient des numéros de téléphone jetables… ".
Seule tolérance : le parti a accepté qu’un maximum de trois personnes s’inscrivent via la même carte bancaire pour " permettre à des familles, et notamment à des jeunes de moins de 18 ans, de voter à la primaire ".
" On ne sait pas qui a été retiré des listes "
La direction du parti ajoute que des analyses sont en cours pour vérifier si certaines inscriptions ont pu être rejetées par erreur, à cause d’un " bug informatique ", qui ne serait pas lié au contrôle de la " triangulation ".
Selon EELV, quelques dizaines de personnes pourraient avoir été concernées par des erreurs liées à un " excès de sécurité " justifie Sandra Regol.
Si c’est bien le cas, les personnes concernées pourraient être remboursées des 2 euros avancés pour participer à l’élection mais ne pourront pas voter pour le scrutin qui se terminera dimanche à 17 heures.
Enfin, des militants comme Damien Rieu ont-ils pu voter à la primaire ?
C’est possible, selon les explications données par le parti, qui assure ne pas avoir filtré les inscriptions selon le nom des électeurs.
" On ne sait pas qui a été retiré des listes. On a seulement fait une recherche dans les noms des inscrits pour éliminer les insultes et éjecter certains trolls, mais c’était infinitésimal ", répond Sandra Regol.
« Ensuite, le filtrage a été fait " à l’aveugle " par le prestataire, selon la triangulation que nous avons prévu. Le parti n’a pas eu accès aux données personnelles des électeurs. Nous aurions pu croiser le nom des inscrits avec les fichiers électoraux pour nous assurer de l’identité de chaque participant, mais cela nous aurait contraints à aller trop loin en termes de traitement de données personnelles ", indique la " numéro deux " du parti " écologiste ", qui relativise l’ampleur de ce possible " entrisme " : " ce ne sera que quelques dizaines de votes sur plus de 120 000 ".
Pierre LANN
Marianne.fr