Pourquoi les Insoumis et le RN se sont abstenus au vote de la résolution soutenant l’Ukraine
Pourquoi les " Insoumis " et le " RN " se sont abstenus au vote de la résolution soutenant l’Ukraine
Mathilde Panot, Danielle Simonnet, Thomas Portes et d’autres élus " Insoumis " à « l’Assemblée nationale ». Hans Lucas via AFP
Alors que « l’Assemblée nationale », a voté à une large majorité une résolution condamnant " le crime d’agression " de la Russie envers l’Ukraine, les députés " LFI " et " RN " ont choisi de s’abstenir, pour des raisons souvent similaires.
Un texte symbolique pas si consensuel.
Alors que « l’Assemblée nationale » affirmait, mercredi, son " soutien le plus total " à Kiev et condamnait " le crime d’agression " de la Russie envers l’Ukraine, dans une résolution adoptée à une forte majorité, 95 députés se sont " abstenus " et un seul a voté " contre ".
Composés principalement d’élus de " la France Insoumise " et du " Rassemblement National ", les abstentionnistes ont dénoncé une mesure qui irait à l’encontre des intérêts de la France.
Déposé par les groupes de la majorité présidentielle, à l’initiative de Pieyre-Alexandre Anglade, le texte appelle à " une zone de protection autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia ", la plus grande d’Europe, et se veut un soutien à " l’Ukraine, son peuple, sa souveraineté et son intégrité territoriale ".
Chez " la France Insoumise ", on dénonce un texte « en total décalage avec les récentes déclarations du Président de la République et du ministre des Armées qui s’emploient à ouvrir un chemin à des négociations plutôt qu’à " bomber le torse " idiotement ».
La résolution invite notamment « le gouvernement, en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer les livraisons d’armes à destination de l’Ukraine, si besoin en augmentant le montant des crédits initialement dévolus à la " Facilité européenne pour la paix " » et demande aux « États membres de " l’Union européenne " à poursuivre la construction d’une politique de défense et de sécurité européenne, de façon complémentaire et en coopération avec " l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord " ».
Même si Aurélien Saintoul, député " LFI " des Hauts-de-Seine, reconnaît volontiers que « la Russie est coupable d’une guerre d’agression contre l’Ukraine au cours de laquelle, elle brise presque tous les tabous du " droit international " », il dénonce « une tonalité totalement maximaliste en matière de livraison d’armes, qui est sans rapport avec ce que la France fait et peut faire ».
L’élu explique également que cette résolution " n’est pas opérationnelle " et n’aborde " quasiment pas l’idée même de paix ".
Enfin, le député affirme que la majorité « utilise la guerre comme un moyen de justifier leurs positions habituelles sur l’Otan ou l’Europe ».
Idem au « Parlement européen »
Certains des arguments avancés par les " Insoumis " se retrouvent également dans les déclarations du " RN ".
Eux aussi, dénoncent un texte qui irait à l’encontre des prises de position d’Emmanuel Macron sur le sujet.
« Paradoxe terrible qui est dû à votre esprit de division, le " Rassemblement National " se trouve à soutenir davantage les initiatives du président de la République que votre majorité ici présente », s’est exclamé Jean Philippe Tanguy lors de la séance à « l’Assemblée ».
Pour le président délégué du groupe " nationaliste " : " Il est regrettable que la majorité ait choisi de proposer une motion faisant avancer ses propres ambitions fédéralistes et européennes sur les intérêts de la paix du continent. "
Parmi les députés s’étant opposé à la résolution, seul Jérôme Legavre du groupe parlementaire des " Insoumis ", également membre de la direction nationale du " Parti ouvrier indépendant ", a voté contre.
" Sa position est pacifiste, s’exprimer en faveur d’une guerre qui doit durer, c’est par définition nuire aux intérêts populaires, aucun peuple ne profite de la guerre ", analyse Aurélien Saintoul, à propos du choix de son collègue.
Des positions politiques qui font écho aux votes des deux formations françaises au « Parlement européen » mercredi 21 novembre.
S’appuyant sur des résolutions antérieurement prises, notamment celle sur " Wagner ", ainsi que sur les différentes exactions rapportées par les journalistes présents sur place, les députés européens ont voté un texte qualifiant la Russie d " État promoteur du terrorisme " dans le conflit en Ukraine.
Les députés du " Rassemblement National " avaient voté contre, ceux de " la France Insoumise " s’étaient abstenus.
Yovan SIMOVIC
Marianne.fr