Le cancer de la prostate reconnu " maladie professionnelle " : 40 000 agriculteurs seraient concernés

, par  DMigneau , popularité : 0%

Le cancer de la prostate reconnu " maladie professionnelle " : 40 000 agriculteurs seraient concernés

L’augmentation du risque de développer un cancer de la prostate est significatif chez les agriculteurs : entre 10 et 100 % par rapport à la population française. Photo by Philippe HUGUEN / AFP

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a annoncé au Sénat mercredi que le gouvernement suivrait l’avis de la « Commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture » (Cosmap) pour que le cancer de la prostate soit reconnu comme " maladie professionnelle ". Plus de 40 000 dossiers sont en attente.

La statistique est sans appel. Les agriculteurs sont plus touchés que les autres professions par le cancer de la prostate.

" Nous avons mis en évidence un excès de risque de 20 % chez les personnes utilisant des insecticides sur bovins traités (+ 60 % chez ceux traitant plus de 150 bovins) ", décrit une étude " AgriCan " (agriculture et cancer) publiée en novembre 2020, citant aussi le cas des utilisateurs de pesticides sur blé et/ou orge ou encore les arboriculteurs réalisant des traitements pesticides ou des récoltes sur plus de 25 hectares pour qui le risque double carrément.

Ces chiffres sont connus et ils ne sont pas récents. Mais ce n’est que le 12 octobre dernier, que la Cosmap, « Commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture », a établi un lien entre pesticides et cancer de la protaste, et rendu un avis favorable pour qu’il soit reconnu comme " maladie professionnelle ".

En juillet dernier, « l’Agence de sécurité sanitaire » (Anses) avait déjà conclu à la nécessité de créer un tableau de " maladie professionnelle ", au vu des élements scientifiques connus.

L’avis de la Cosmap n’est que consultatif, seul le gouvernement pouvant valider cette décision. Mercredi, le sénateur " écologiste " du Morbihan Joël Labbé a posé la question au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.

" Nous avons des malades qui souffrent, en métropole mais aussi dans les DOM-TOM (...) Quand allez-vous publier le décret qui permettra que le cancer de la prostate soit reconnu comme maladie professionnelle ? "

https://twitter.com/JLabbeSenat/status/1450823600362205184?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1450823600362205184%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.marianne.net%2Fpolitique%2Fgouvernement%2Fagriculture-et-pesticides-le-cancer-de-la-prostate-reconnu-comme-maladie-professionnelle

" Oui, je prendrai le décret, conformément à l’avis de cette commission permettant d’établir ce tableau de maladie professionnelle ", a aussitôt répondu le ministre.

S’il s’est réjoui de l’engagement pris, Joël Labbé a mis en garde le ministre contre un " des conditions d’accès qui seraient trop restrictives ; on sait le parcours du combattant pour être reconnu ".

Citant les associations de victimes, l’élu préconise " un délai d’exposition de 5 ans et un délai de prise en charge de 40 ans ". Plus de 40 000 dossiers d’agriculteurs sont aujourd’hui en attente, selon Joël Labbé.

La reconnaissance de " maladie professionnelle ", à quoi ça sert ?

La création de ce que l’on appelle un " tableau de maladie professionnelle " permet d’établir une présomption de l’origine professionnelle de la maladie et de faciliter l’indemnisation.

Entre 2011 et 2018, seul trois cas de cancer de la prostate ont été reconnus comme ayant un lien direct avec une exposition aux pesticides.

Magazine " Marianne "