« L’extrême droite » Chilienne à l’élection présidentielle du 21 novembre 2021.

, par  DMigneau , popularité : 0%

« L’extrême droite » Chilienne à l’élection présidentielle du 21 novembre 2021.

L’impact provoqué par le score obtenu par le candidat « d’extrême droite », José Antonio Kast, et le bon résultat du « Parti Communiste du Chili » (PCCh) sont des éléments qui méritent d’être analysés car ils brisent les schémas et génèrent des inquiétudes dans la société chilienne.

Pour les uns, les forces démocratiques et du changement social qui étaient majoritaires après le plébiscite d’octobre 2020 (78 % / 22 %) et les élections de mai 2021, le résultat de Kast a été un choc, qui produit des réactions différentes à cet événement inattendu, un bouleversement pour « la gauche ».

Pour les autres, la droite et ses alliés, l’avancée des « communistes » chiliens alimente leurs théories " anti-communistes " que, selon certains d’entre eux, Gabriel Boric serait disponible pour installer une " dictature du prolétariat " au Chili, ce qui marquerait la fin de la démocratie, que le Chili serait un autre Cuba, ou le Venezuela et pourquoi pas un autre Nicaragua.

Le « Parti Communiste du Chili » obtient le meilleur résultat électoral depuis 1973, ce qui constitue une victoire éclatante : 2 sénateurs, 12 députés et 21 conseillers régionaux ont été élus.

La députée Karol Kariola a été réélue avec le plus grand nombre de voix de tout le Chili, ce qui a permis à la liste d’élire 3 autres députés : 1 PCCh et 2 " Révolution Démocratique " (RD). Si on ajoute à ce bilan les 7 maires de communes stratégiques et les 126 conseillers municipaux élus en mai 2021, on se retrouve face au fait que dans la région métropolitaine le PCCh est le parti qui compte le plus de conseillers municipaux, et que c’est aussi le parti majoritaire de la coalition de gauche " APRUEBO DIGNIDAD ".

Ces bons résultats et les projections possibles expliquent la campagne " anti-communiste " féroce menée par la droite et ses partenaires « d’extrême droite ». Mais cette victoire rend le moment encore plus amer, la réalité des résultats est catégorique, la coalition de gauche a perdu le premier tour présidentiel, et aux élections législatives la droite a réussi à se dégager du piège tendu par les précédentes joutes électorales.

Dans les 50 sénateurs,

GAUCHE
CENTRE
DROITE
Droite " Vamos Chili " = 24
" Front Social Chrétien " (Extrême Droite) = 1
" Nouveau Pacte Social " (Ex " Concertation ") = 18
" Apruebo Dignidad " (FA * y PC) = 5
Indépendants = 2

Dans les 155 députés,

GAUCHE CENTRE DROITE
Droite " Vamos Chili " = 53
" Front Social Chrétien " (Extrême Droite) = 15
" Parti des Gens " (Droite) = 6
" Nouveau Pacte Social " (Ex " Concertation "- Centre) = 37
" J’approuve la dignité " (FA * y PC) = 37
" Dignité Maintenant " = 3
" PEV " = 2
" Indépendants Unis " = 1
Indépendants sans pacte = 1

Avec une participation de 7 115 590 personnes, soit 47,34 % de la liste électorale, cela nous montre le grand défi que les forces du progrès ont dans ce nouveau scénario électoral.

Comment comprendre qu’à peine 6 mois après les 2 dernières élections (" Convention Constitutionnelle " et municipales), avec les résultats connus de tous (effondrement de listes de droite et de la ex-" Concertation "), on se retrouve avec le fait qu’on a un fasciste aux portes du gouvernement et du renforcement des partis de droite ?

Cette situation pointe du doigt la forte abstention, provoquée par l’apathie d’une partie de la population manipulée par le discours de la peur, grâce à l’abandon policier des quartiers populaires qui a aggravé le sentiment d’insécurité, la propagande habile des médias - TV, journaux - faisant les gros titres des vols, des agressions, des incendies criminels en Araucanie, de la crise au Venezuela, à Cuba, au Nicaragua et aussi le sentiment chez certains que l’élection était " déjà gagnée ", qu’il s’agissait d’une " procédure " puisque les forces progressistes avaient remporté les 2 dernières élections et les autres qui considéraient que Boric n’était pas assez " de gauche ", qu’il était " lourd ", que " c’est comme ça " et " pourquoi il ne fait pas ceci ou cela "...

Résultat final ceux qui ont gagné le plébiscite ne se sont pas déplacés pour voter :

1. 5 892 832 personnes ont voté pour l’approbation du changement de la Constitution (78,28 %).

2. 2. 1.635.164 personnes ont voté pour le rejet (21,72 %).

L’addition des voies des candidats (Boric, Provoste, Artes, MEO) sont au nombre de 3 268 033, il manque des gens ici, beaucoup de monde.

Ces mêmes chiffres qui nous interpellent, ouvrent aussi une voie - la seule - qui est celle de l’unité de tous les démocrates et anti-fascistes.

Jusqu’à présent, presque tous ces conglomérats appellent à voter pour Gabriel Boric et à barrer la route au fascisme. Même ainsi, il va falloir redoubler d’efforts pour mobiliser ces Chiliens qui ne sont pas allés voter, ceux qui pensent que les partis politiques actuels ne les représentent pas.

Et pour ceux qui pensent que ce n’est qu’un problème chez les Chiliens, c’est regrettable de constater qu’ils se trompent, la CIA, « l’extrême droite » internationale avec " Vox " à la tête en Europe " tirent les ficelles ", utilisant l’intégrisme religieux chrétien, les églises évangéliques appelant voter contre les « communistes ».

Aujourd’hui, l’obligation de resserrer les rangs autour de Gabriel Boric s’impose. Il faut protéger la « Convention Constitutionnelle » qui ouvrira les portes d’un Chili plus démocratique, plus juste, on ne doit pas abandonner l’avenir du Chili et celui de ses enfants au fascisme.

Antonio VALDIVIA

Le Grand Soir.fr

* FA= " Frente Amplio " coalition qui regroupe 3 partis dont est issu le candidat à la présidence G. Boric