" Il a aidé Hidalgo à se crasher " : avant le meeting de Limoges, Hollande pris pour cible au PS
" Il a aidé Hidalgo à se crasher " : avant le meeting de Limoges, Hollande pris pour cible au PS
François Hollande et Anne Hidalgo le 6 novembre 2021 en Corrèze. PASCAL LACHENAUD / AFP
L’ancien chef de l’État participe ce mardi soir au meeting de la candidate " socialiste " à Limoges. Un moyen de rester sur le devant de la scène alors que les rumeurs sur sa possible candidature aux législatives vont bon train ?
Un cadeau empoisonné ?
François Hollande sera présent au meeting d’Anne Hidalgo ce mardi soir à Limoges. De quoi relancer une campagne devenue quasi inaudible…
Ou permettre à l’ancien chef de l’État de s’afficher comme le recours auprès de sa " famille politique " pour la séquence qui s’ouvrira après la présidentielle. Plusieurs cadres " socialistes " ne cachent pas auprès de " Marianne " leur circonspection sur la participation de l’ex-" premier secrétaire " au meeting limougeaud.
Dans l’entourage de la candidate, " plombée " par des sondages catastrophiques, on compte pourtant bien profiter de cette soirée.
" C’est un message fort pour nous de le savoir à nos côtés ", se réjouit Patrick Kanner, directeur adjoint de la campagne d’Anne Hidalgo et ancien ministre hollandais.
En novembre, François Hollande s’était déjà affiché aux côtés de la maire de Paris sur le marché de Tulle.
FIDÉLITÉ DE FAÇADE ?
Une attitude qui contraste avec celle de Nicolas Sarkozy qui rechigne pour l’instant à apporter son soutien à Valérie Pécresse. Ou avec ses anciens ministres François Rebsamen et Marisol Touraine qui ont préféré se rallier à Emmanuel Macron.
« François Hollande est " socialiste " et je dois dire que contrairement à d’autres, lui est fidèle à son parti » se réjouit Gulsen Yildirim, première secrétaire fédérale du Parti " socialiste " (PS) en Haute-Vienne, à l’œuvre pour organiser le meeting de Limoges.
Mais plusieurs cadres " socialistes " murmurent que le soutien de l’ancien chef de l’État à Anne Hidalgo n’est que " de façade ". La semaine dernière, " Le Monde " révélait que, tablant sur un retrait de la " socialiste ", François Hollande avait envisagé de se présenter à la présidentielle.
" Si Hidalgo avait lâché, il aurait sûrement pris la suite ", abondait un parlementaire auprès de " Marianne ".
Que vient-il donc vraiment faire aux côtés d’Anne Hidalgo à Limoges ?
« L’hypothèse que je fais est que François Hollande est dans la démonstration permanente qu’il peut toujours être le recours, celui qui peut sauver le PS , souffle une cadre " socialiste ". Il va essayer d’utiliser les évènements pour que ça lui profite. Il va vouloir montrer que c’est lui le vrai président dans l’Histoire, le seul qui a le charisme et l’envergure. »
" Je ne sais pas très bien ce qu’Anne Hidalgo va chercher au meeting de Limoges ", abonde un autre cadre, sceptique.
L’HYPOTHÈSE LÉGISLATIVES
D’autant que comme l’indique ce matin l’entourage de François Hollande à " L’Opinion " et au " Figaro ", l’hypothèse d’une candidature de l’ancien locataire de l’Élysée aux législatives ne serait désormais " pas exclue ".
Jusque-là, alors que " Le Canard enchaîné " avait évoqué cette possibilité dès la fin du mois de janvier, ses proches démentaient.
Un cadre " socialiste " affirme même à " Marianne " que " François Hollande avait demandé à la fédération de Corrèze de geler sa circonscription sans que l’on sache pourquoi ".
Une information que dément fermement Paul Roche, le premier " secrétaire fédéral " de Corrèze qui dénonce un " festival de tuyaux percés ". Il en veut pour preuve qu’après avoir reporté le vote au niveau local pour " des raisons sanitaires ", la section a choisi la semaine dernière le conseiller régional Pascal Cavitte pour être le candidat du parti dans la première circonscription de Corrèze.
Autrement dit, celle où François Hollande a été député...
De quoi " doucher " les espoirs de retour en politique de l’ancien chef de l’État ?
Pas si sûr.
Une fois désignés à l’échelle locale les " délégués de circonscription " doivent voir leur candidature validée au niveau national lors des investitures du parti qui interviendront après la présidentielle.
" Je me demande si cette désignation n’est pas pour faire taire les rumeurs , s’interroge une cadre. Ou alors un moyen qu’a trouvé son camp pour le pousser à agir. "
Lorsqu’on lui demande si Pascal Cavitte a bien vocation à être le candidat du PS dans la première circonscription de Corrèze, un cadre répond par texto " Oui ".
Avant de nuancer : " En tout cas, c’est le délégué de circonscription ". Et d’admettre que " comme dans toutes les circonscriptions ", il peut y avoir des changements au moment de l’investiture…
" LE BOULET QUI NOUS EMPÊCHE D’AVANCER "
En attendant d’en savoir plus, des cadres " socialistes " regardent avec méfiance la présence de François Hollande dans la campagne d’Anne Hidalgo.
« Les deux principaux soutiens de sa campagne sont Cazeneuve et Hollande et les deux ont fait passer le message que la candidate est nulle , soupire un cadre. Cazeneuve quand il va dans les meetings, il dit : " je suis là parce que je suis loyal " et ne dit pas un mot sur le projet. On a vu mieux comme soutien. Et Hollande, chaque fois qu’il prend la parole, c’est pour dire qu’il n’est pas encore candidat. »
« S’entourer de Bernard Cazeneuve et François Hollande, ça sent la naphtaline , renchérit une autre cadre.
Qui s’étouffe : « Tous les grands maires avaient signé pour une candidature de dépassement autour de la " social-écologie " et là on se retrouve avec une ligne nostalgique qui assène de la " social-démocratie " à toutes les sauces. Je ne suis pas sûre que ça porte. Il suffit d’être un militant " socialiste " pour savoir que le boulet qui nous empêche d‘avancer, c’est vraiment le bilan de Hollande. »
« Je comprends la volonté d’Anne Hidalgo de s’appuyer sur quelqu’un qui sur les questions européennes et internationales a été absolument irréprochable , nuance une autre " socialiste " de premier plan. C’est un ancien président " socialiste ", il est légitime qu’il soit présent à un meeting. Mais j’aurais préféré qu’il soit plus allant depuis 4 ans pour soutenir le travail de reconstruction du parti. »
Et cette cadre d’envoyer un message à François Hollande : « Peut-être rappellera-t-il à quelques amis dans les " fédés " d’aider financièrement la campagne… »
« Il a aidé Anne Hidalgo à se " crasher " », tranche un autre.
« Anne Hidalgo ne sera pas présidente de la République. Mais la vie ne s’arrête pas là et François Hollande a toute sa place dans un projet de reconstruction de " la gauche de gouvernement " , défend à l’inverse Patrick Kanner. Ce sera à lui de décider sous quelle forme. »
D’autres sont déjà bien décidés à l’en empêcher.
Hadrien BRACHET
Marianne.fr