Emmanuelle Cosse : « Je fais le jeu de la démocratie »

, par  DMigneau , popularité : 0%

Emmanuelle Cosse : « Je fais le jeu de la démocratie »

Emmanuelle Cosse, la patronne des écolos était ce matin sur France Inter. Elle y a notamment défendu l’autonomie des listes écolos par rapport au Parti socialiste aux prochaines régionales, se refusant, selon elle, de tomber " dans les pièges tendus par nos partenaires socialistes ".

Ce matin, Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’EELV était l’invitée de la matinale de France Inter. Pour parler climat et Cop 21 bien sûr - et pas assez ! - mais aussi, élections régionales obligent, pour discuter de la stratégie d’autonomie des écolos par rapport au PS. L’un des points de tensions avec les socialistes, monté en épingle par Jean-Christophe Cambadélis par l’organisation de son référendum, pour mettre la pression sur ses partenaires. Résultat, l’initiative du patron des socialistes a plus tenu du capharnaüm que de la grande consultation populaire… Passons.

« Aujourd’hui les socialistes vous accusent vous, les écologistes d’EELV, d’avoir fait le choix de disperser les voix de gauche et de faire… de prendre le risque de faire basculer les régions à droite voire à l’extrême droite », lui a lancé Patrick Cohen, oubliant peut-être qu’en 2010, lors des dernières régionales, les écolos étaient déjà partis en autonome au premier tour. Réponse de Cosse « Vous savez, je ne tombe jamais dans les pièges tendus par nos partenaires socialistes ». Ambiance.

http://www.franceinter.fr/emission-linvite-emmanuelle-cosse-0

Et de poursuivre : « Aujourd’hui quelle est la situation ? Nous avons des sondages qui donnent un Front National gagnant dans des régions en raison d’une abstention très forte du peuple de gauche (…) Moi aujourd’hui, je vais chercher des électeurs, je suis en campagne tous les jours. Je vais rencontrer des gens qui se sont éloignés des urnes depuis trois ans ». Un éloignement qui serait le résultat, selon elle, d’une « forte déception envers les socialistes (…) [les électeurs] veulent avoir une autre alternative, veulent croire en des gens qui tiennent leurs engagements ». Et de dégainer, pour parer cette fameuse sentence déclamée sur toutes les tonalités du « jeu du FN », « c’est pour ça que je fais le jeu de la démocratie ».

Une analyse largement partagée à EELV comme nous le confiait déjà, il y a quelques semaines, David Cormand, le « Monsieur élection » des écolos : « Constituer des listes autour du PS pour contrer le FN aurait exactement l’effet inverse. La gauche dans son ensemble ferait un moins bon score au premier tour ».

En clair, le vote utile dans ces régions ne marcherait plus. Pis, le PS serait devenu un véritable « repoussoir » à voix. « On l’a vu lors des municipales, à Marseille notamment, tous ces endroits où le PS a un lourd passif en terme d’affaire, les gens qui auraient pu voter pour une liste EELV autonome ne se sont pas déplacés », expliquait-il.

« Si maintenant, le jeu entre politiques, c’est de reprocher à ses partenaires de faire le jeu de la démocratie, je me demande simplement pourquoi on a une démocratie dans notre démocratie », conclue enfin Emmanuelle Cosse.

Effectivement, Cambadélis et consort, à force de reprocher à leurs partenaires de vouloir aller aux urnes, aux électeurs de mal voter ou de reprocher à certains socialistes d’émettre des critiques sur la politique économique, on pourrait presque penser qu’ils sont tentés, perdus pour perdus, de reprendre à leur compte cette citation de Bertolt Brecht : « Ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre »…

Bruno Rieth

Marianne