Don du sang pour les gays : l’abstinence d’un an passe mal

, par  DMigneau , popularité : 0%

Don du sang pour les gays : l’abstinence d’un an passe mal

Marisol Touraine, la ministre de la Santé, vient d’annoncer la levée de l’interdiction du don du sang pour les personnes homosexuelles. Une avancée saluée par les associations mais qui soulèvent encore des questions quant à la durée d’abstinence d’un an demandée aux homosexuels.

Au moins une promesse de campagne que François Hollande aura tenue. La ministre de la Santé, Marisol Touraine a annoncé ce mercredi qu’à partir du printemps 2016, les homosexuels pourront donner leur sang sous conditions. " C’est la fin d’un tabou et d’une discrimination ", s’est-elle félicitée dans les colonnes du journal Le Monde. Une interdiction en vigueur depuis 1983.

Une bonne nouvelle donc. Mais certaines voix ont fait entendre leur mécontentement sur la durée d’abstinence pour pouvoir donner son sang. Comme celle de Jean-Luc Roméro, conseiller régional d’Ile de France et militant contre le sida. Sur le réseau social Twitter, il a expliqué : " Je me réjouis de la levée par marisol Touraine de l’exclusion du don du sang des gays, mais n’approuve pas les conditions. "

Car la ministre veut " procéder par étapes ". " Dans un premier temps, le don du sang sera ouvert aux homosexuels n’ayant pas eu de relations sexuelles avec un autre homme depuis douze mois. Les homosexuels pourront donner leur plasma s’ils sont dans une relation stable depuis quatre mois ou s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles sur la même période ", explique-t-elle dans l’entretien accordé au Monde.

Des restrictions pour " réaliser des études et, s’il n’y a pas de risques, les règles qui s’appliquent aux homosexuels seront rapprochées des règles générales l’année qui suit ".

Pour Jean-Luc Roméro, la méthode ne serait pas la bonne et milite pour que ce " soit les comportements à risque qui soient pris en compte et non l’orientation sexuelle ", comme il l’exprime dans un communiqué et sur les réseaux sociaux.

Une critique partagée par Sergio Coronado, député EELV : " C’est un peu hypocrite de parler de levée de l’interdiction. Au mieux, elle interviendra dans un an. Ce qui est proposé en fait, c’est que seuls les homosexuels qui auront eu une abstinence absolue pendant un an pourront donner leur sang. Moi je n’en connais pas ", ironise-t-il auprès de Marianne.

Pour Olivier Veran, neurologue et ancien député socialiste de l’Isère (il était suppléant de Geneviève Fioraso), c’est au contraire " une véritable avancée ", explique-t-il à Marianne en se réjouissant de cette annonce. " Il y a deux ans, j’avais rendu un rapport qui préconisait la levée de cette interdiction. L’ Europe m’avait donné raison, car l’éviction systématique était inutile et discriminatoire ", se souvient-il. Mieux, " en 2006, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé parlait déjà de lever cette interdiction. Donc, c’est une idée qui est vieille de dix ans au moins, il fallait juste un ministre suffisamment courageux pour prendre la décision ".

Quant aux critiques sur la timidité de la décision, Olivier Véran met en garde ceux qui voudraient " aller trop vite et trop loin ce qui pourrait être une prise de risque. Car la restriction sur un an ne concerne que le don global de sang, de globules blancs, rouges etc. qui ne peuvent pas se congeler et doivent servir tout de suite à la différence des dons de plasma qui, eux, se congèlent ". Ces restrictions se justifieraient donc, dans l’attente en tout cas " des études scientifiques pour être sûr qu’il n’y ait aucun risque. Ce qui n’est pas une décision politique mais une décision scientifique. "

Bruno Rieth

Marianne