Cécile Duflot propose à François Hollande une " coalition de transformation " sans Mélenchon
Cécile Duflot propose à François Hollande une " coalition de transformation " sans Mélenchon
La primaire est ouverte à droite, les négociations commencent à gauche. Prenant acte du danger représenté par le Front national, l’ancienne ministre EELV Cécile Duflot tend la main à François Hollande et lui propose de forger une nouvelle alliance en vue de l’élection présidentielle de 2017.
Dans un entretien au Monde publié ce mardi 15 décembre, la figure de proue des écologistes met en garde la gauche : " une catastrophe politique est en marche ".
Face au péril de voir la gauche éliminée dès le premier tour de la présidentielle, la députée de Paris, un temps tentée par une alliance avec la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, préconise désormais de bâtir " une coalition de transformation " sous l’égide du président de la République. " Je tends la main à François Hollande. Qu’il revienne à l’esprit de 2012 et rassemble enfin écologistes et communistes désireux de rejoindre un bloc majoritaire de transformation ", lui propose-t-elle, sans exclure un retour des écologistes au gouvernement.
Un compromis à gauche contre le recentrage de Valls
Si Cécile Duflot opère ici un virage stratégique fondamental, celle-ci pose néanmoins des conditions sur le fond avec l’abandon de la politique d’austérité budgétaire. Plan d’urgence pour la jeunesse, création de 250.000 emplois jeunes, création d’un contrat jeune entrepreneur, politique d’investissement écologique pour inscrire les engagements de la COP21 dans le marbre, bouclier territorial des services publics...
L’objectif de l’ex-patronne des Verts est bien d’enrayer " la tentation libérale autoritaire " qu’elle croit déceler dans le gouvernement de Manuel Valls.
Alors que l’aile droite du PS planche sur une recomposition de la majorité autour d’un pôle centriste, Cécile Duflot met en garde contre « une coalition du prétendu " cercle de la raison " avec l’idée de conserver le système. C’est une vision qui obère l’avenir et valide la thèse de l’UMPS ». Celle-ci critique également à demi-mots l’état d’urgence décrété par le gouvernement et qui a entraîné l’assignation à résidence de plusieurs activistes écologistes.
Est-elle prête à renoncer à se présenter en 2017 si cette coalition voit le jour ? " La présidentielle est une étape-clé. Ce n’est pas un secret, je m’y suis préparée. Mais rien n’est joué ", esquisse-t-elle.
Pas de " front populaire " à gauche de la gauche
En se tournant vers les socialistes, Cécile Duflot prend acte de l’échec de sa stratégie d’alliance avec le Front de Gauche initiée aux élections municipales et qui avait abouti à la conquête de la ville de Grenoble. Soutenant la victoire de Syriza au début de l’année 2015, l’ancienne ministre du Logement avait fait tribune commune avec Jean-Luc Mélenchon tandis que l’aile gauche d’EELV planchait sur un scénario de " primaires de l’espoir " allant de l’extrême gauche aux frondeurs.
Mais les désaccords sur la politique internationale et des discussions houleuses sur un " label national " aux élections régionales qui n’a jamais vu le jour ont sonné le glas du rapprochement entre EELV et le PG. D’autant que les mélenchonistes ont refusé le front républicain décrété par le PS et soutenu par les écologistes.
Reconnaissant l’échec du cartel de " l’autre gauche " et actant la mort du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon s’est prononcé en faveur d’un nouveau " front populaire " au soir du second tour des élections régionales. Manifestement, ce sera sans Cécile Duflot.
Geoffroy Clavel
Huff Post