Burkina Faso : 47 morts dans une attaque djihadiste, le deuil national décrété
Burkina Faso : 47 morts dans une attaque djihadiste, le deuil national décrété
De jeunes Burkinabès manifestent le 3 juillet 2021 à Ouagadougou pour dénoncer l’insécurité galopante dans le pays et l’impuissance du gouvernement. AFP
47 personnes dont trente civils, 14 soldats et trois supplétifs de l’armée ont été tuées mercredi 18 août dans une attaque menée par des djihadistes contre un convoi militaire, escortant des civils. Le quotidien des Burkinabès depuis plus de 6 ans.
Les morts s’amoncellent au Burkina Faso. Mercredi 18 août, 47 personnes ont été tuées dans un attentat terroriste, dans le nord du pays.
« Un convoi mixte composé de civils, d’éléments des " forces de défense et de sécurité " (FDS) et de " volontaires pour la défense de la patrie " (VDP) a été la cible d’une attaque terroriste à 25 km de Gorgadji (Nord), au cours de laquelle 30 civils, 14 soldats et 3 VDP ont été tués », a confirmé le ministère burkinabè de la communication.
En outre, 58 islamistes ont été abattus, d’autres ont été blessés et ont pris la fuite, toujours d’après les informations du gouvernement.
En conséquence, un deuil national de trois jours, à compter de jeudi, a été décrété par le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, pour rendre hommage aux victimes, indique un décret officiel. Les drapeaux sont " mis en berne " sur tous les édifices publics et dans les représentations du Burkina Faso à l’étranger.
Quant aux fêtes populaires et aux manifestations à caractère récréatif, elles seront prohibées.
L’attaque a eu lieu sur l’axe Gorgadji-Arbinda, dans la province du Séno, dans la région du « Sahel ». Cette zone dite " des trois frontières ", à cheval sur le Mali et le Niger, constitue un véritable " triangle des Bermudes " pour les Burkinabès.
Les morts, dus à des attaques " islamistes ", y sont légion depuis 2015.
UN PAYS RAVAGÉ PAR LES ATTAQUES DEPUIS 2015
Cet attentat est le troisième d’une série qui a fait à chaque fois plus d’une dizaine de morts en 15 jours contre des soldats engagés dans la lutte " anti-djihadiste " dans le nord et le nord-ouest du pays.
Le 4 août, 30 personnes, dont 15 soldats, 11 civils et quatre supplétifs de l’armée, ont été tués près de la frontière du Niger.
Le 9 août, ce sont 12 soldats qui ont perdu la vie près de la frontière du Mali.
Pire : deux mois avant, le 6 juin, près de 140 civils ont été victimes d’une attaque sanglante dans un village du Sahel. Des habitations et le marché de Solhan, dans la province du Yagha, ont été incendiés.
En 2019, la France avait aussi été endeuillée avec la perte de deux militaires au cours du sauvetage d’otages français.
https://www.facebook.com/mcrpburkina/posts/4229939287094143
Depuis 2015, le quotidien des habitants du Burkina Faso, pays pauvre d’Afrique de l’ouest, est jalonné par ces attentats incessants, provenant de groupes soit affiliés à " Al-Qaïda " soit à " l’État islamique ".
Le nombre de victimes, civils et militaires, s’élèverait à environ 1 500 morts en six ans.
Depuis janvier 2021, 17 500 habitants ont fui le pays, principalement pour gagner le Niger et le Mali. Ce dernier a déjà accueilli plus de 20 000 Burkinabès.
" Plus de 1,3 million de Burkinabès sont devenus des déplacés internes en un peu plus de deux ans et 6 % de la population du Burkina Faso est désormais déplacée à l’intérieur du pays ", selon Babar Baloch , le porte-parole du « Haut-Commissariat » des Nations unies pour les réfugiés.
UNE ARMÉE INUTILE, DES CITOYENS VOLONTAIRES APPELÉS À LA RESCOUSSE
Le gouvernement burkinabè est littéralement dépassé par la situation et la faiblesse de l’armée n’arrange rien. C’est pourquoi les " Volontaires pour la défense de la patrie " ont été créés en janvier 2020. Les Burkinabès de plus de 18 ans signent un contrat avec « l’État » et suivent une " formation express " de deux semaines " pour servir les intérêts sécuritaires de leur village ou de leur secteur de résidence ".
D’après une note du « Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité » (GRIP) publiée en octobre 2020 la population, traumatisée par les attaques islamistes, " semble avoir plutôt bien accueilli cette initiative gouvernementale ". Néanmoins, cette création ébranle sans nul doute " l’autorité légitime de l’État " et, surtout, elle ne restaure pas entièrement la confiance des Burkinabès dans « l’exécutif ».
Le 3 juillet, des milliers de citoyens ont laissé éclater leur colère dans les rues pour dénoncer l’inaction du gouvernement.
Magazine " MARIANNE "