Belgique : vaccinés, douze résidents d’une maison de repos décèdent du " Covid-19 "

, par  DMigneau , popularité : 0%

Belgique : vaccinés, douze résidents d’une maison de repos décèdent du " Covid-19 "

Douze résidents d’une maison de repos belge sont décédées des suites du " Covid-19 " entre mai et juin, malgré une vaccination achevée. © ZUMA PRESS/MAXPPP/MAXPPP

La moitié des résidents d’une maison de repos belge ainsi que vingt membres du personnel ont été infectés par les variants " Alpha " (britannique) et " Delta " (indien) du " coronavirus ", en dépit de leur vaccination en janvier, d’après plusieurs médias nationaux.

Ils pensaient la crise terminée.

À la maison de repos " Nos Tayons ", à Nivelles, en Belgique, les résidents avaient retrouvé le chemin des salles communes et partageaient de nouveau leurs repas. Même les visites de famille avaient redémarré.

Et pour cause : en janvier, plus de 95 % des résidents avaient reçu leurs deux injections " anti-Covid ", tout comme les deux tiers du personnel, rapporte le média belge " Le Soir ".

Tout a " basculé " mi-mai.

" Un premier cas s’est déclaré chez un résident le 17 mai " explique Colette Delmotte, présidente du « Centre public d’action sociale » (CPAS) de Nivelles le 7 juin, toujours au " Soir ".

Un confinement est décrété, mais n’empêche pas une vague de contaminations. En un mois, près de la moitié des résidents sont infectés.

Le 17 juin, " 55 résidents ont été touchés dont 52 des 117 vaccinés (44 %). Malheureusement, nous avons douze personnes vaccinées qui sont décédées et encore deux personnes diabétiques en situation instable actuellement hospitalisées. Le bilan est donc très sérieux et interroge ", a indiqué la directrice de l’établissement a mentionné au site " L’info du jour ".

Comment expliquer la propagation en dépit de la " protection " ?

Une enquête épidémiologique a été ouverte.

Combo de variants

Coupable : le variant indien - rebaptisé " Delta " - majoritairement.

Mais pas seulement : d’autres ont été testés " positifs " à la souche " Alpha " (britannique), selon " Le Soir ". Les experts s’échinent à remonter le " fil des contaminations " afin de retrouver le patient " zéro ", notamment grâce au traçage et aux tests sérologiques. Ces derniers permettent de détecter la présence d’anticorps dirigés contre le virus. Des tests PCR seront réalisés deux fois par semaine jusqu’à l’absence de cas.

La dernière " salve de dépistage " a d’ailleurs rapporté des résultats encourageants. Seuls deux nouveaux cas " positifs " ont été rapportés parmi les résidents, avec des symptômes légers.

Aucun membre du personnel n’a été testé " positif ".

" La phase critique est derrière nous ", d’après la directrice citée par " L’info du jour ".

Mais comprendre la dynamique de cette " vague d’infections " sera probablement plus long. Les scientifiques s’intéressent aux conditions dans lesquelles les vaccins ont été conservés et administrés.

" Il conviendra d’étudier de près avec quels vaccins et dans quelles conditions les résidents avaient été vaccinés ainsi que les circonstances plus précises de leur décès ", estime Antoine Flahault, interrogé à ce sujet par le site " Atlantico ".

Changement de stratégie

Les vaccins sont a priori très " efficaces " pour protéger les personnes les plus à risque et conservent un fort taux de protection contre les variants.

Quant au variant indien, si les formules ne permettent qu’un faible taux d’efficacité contre ce dernier après une première piqûre, la seconde injection permet-elle d’éviter les hospitalisations. Or, celle-ci a eu lieu fin janvier pour les membres de la maison de repos.

Bref, le cas de cette maison de repos suscite de nombreuses questions.

Pour l’épidémiologiste Antoine Flahault, " ce foyer survenu dans une maison de retraite représente une alerte qu’il faut donc prendre très au sérieux. Nous ne pouvons pas miser entièrement l’ensemble de notre stratégie de lutte contre la pandémie contre la seule vaccination " puisqu’elle nécessite un très haut niveau de " couverture " pour être efficace.

Soignants peu vaccinés

Justement, dans la maison de repos, tout le personnel n’était pas vacciné.

" La couverture de 75 % concernait l’ensemble du personnel de la maison de retraite, mais seuls 60 % des soignants au contact avec les résidents étaient vaccinés ", d’après l’épidémiologiste.

Un taux a priori insuffisant pour protéger tous ceux qui vivent sur place.

" Ce n’est pas acceptable d’exposer des résidents fragiles, quelles que soient les causes de décès des dix résidents ici. Cela repose la question de l’obligation vaccinale des personnels soignants et en charge de personnes âgées et vulnérables ", poursuit-il.

Le problème pourrait bien se poser également en France.

Alors que 81 % des résidents en " Ehpad " et " Usld " [Unité de soins de longue durée] ont complété leur cycle de vaccination, 55 % du personnel soignant des résidences pour personnes âgées a reçu au moins une dose de vaccin.

Olivier Véran a donc lancé un " appel solennel aux soignants non vaccinés ".

" Il y a 60 % des adultes français qui ont déjà reçu une injection, mais moins de 60 % des soignants qui travaillent en Ehpad, ce n’est pas justifiable ", a-t-il ajouté.

Le ministre de la Santé a prévenu que " si d’ici la fin de l’été ça ne devait pas s’améliorer, alors oui, nous nous poserions la question d’une obligation vaccinale pour ces publics particuliers ".

Margot BRUNET

Marianne.fr