Assassinat de Pawel Adamowicz : quand la haine devient meurtrière

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Assassinat de Pawel Adamowicz : quand la haine devient meurtrière

Beata Zawrzel / NurPhoto

Ex-membre du parti d’opposition libérale à l’ultraconservateur et nationaliste " PiS " au pouvoir à Varsovie, le maire de Gdansk Pawel Adamowicz a été assassiné à coups de couteaux par un repris de justice dimanche. Le tragique résultat d’un climat de haine, toléré sinon encouragé par les autorités, estiment de nombreuses voix proches de l’opposition.

« Je te fais une promesse, cher Pawel, en notre nom à tous : nous défendrons notre Gdansk, notre Pologne et notre Europe », a lancé lors d’un gigantesque rassemblement à Gdansk, ce lundi 14 janvier, Donald Tusk. L’ex-Premier ministre polonais et actuel président du « Conseil européen », lui aussi natif de Gdansk, est depuis plusieurs années la cible privilégiée du " PiS " aujourd’hui au pouvoir en Pologne.

Derrière lui, l’ex-président Lech Walesa, autre cible du régime, est resté silencieux, ayant du mal à cacher son émotion après l’annonce de la mort de Pawel Adamowicz, lui aussi dirigeant historique de " Solidarnosz " et l’un de ses proches.

A l’annonce de la nouvelle, qui a terriblement choqué la Pologne, tous les dirigeants du " PiS " ont évidemment dénoncé le crime odieux et rendu hommage au disparu. Mais il suffit d’écouter leurs discours, de regarder la télévision d’Etat polonaise, présidée depuis 2016 par le fervent militant du " PiS ", Jacek Kurski, ou de parcourir les couvertures des journaux proches du pouvoir, pour se rendre compte du climat de haine contre l’opposition libérale distillé par le " PiS " depuis son accession au pouvoir en 2015.

Pour lui, la " Plateforme civique " (PO), et particulièrement l’ex-Premier ministre Donald Tusk, président du « Conseil européen » depuis 2014, sont coupables de tous les maux - corruption, amoralisme, cosmopolitisme, etc…

Tout a été fait par le régime pour systématiquement chasser de leurs postes les proches de la PO. Au point que la Pologne a été le seul des 28 pays membres de l’UE à voter contre la reconduction de Donald Tusk à la présidence du « Conseil européen ».

LE MESSAGE D’OUVERTURE D’ADAMOWICZ

Fier de ses couvertures outrancières, l’hebdomadaire " Do Rzeczy " n’a ainsi pas hésité à prêter les traits de Donald Tusk à une fameuse photo de Hitler et Goebbels devant une carte de l’Europe. Ou l’hebdo " Sieci " à publier en couverture le portrait de Tusk barré du titre « le cauchemar revient ».

« Président » de Gdansk depuis 20 ans, confortablement réélu en novembre dernier avec 64 % des voix lors d’un second tour face au candidat du " PiS ", Adamowicz, qui se présentait en " indépendant ", avait devancé au premier tour le candidat de son ancien parti, Jaroslaw Walesa, l’un des fils de Lech qui s’était rallié à sa candidature, avec le soutien de la PO, lors du second tour.

Ardent défenseur des droits des réfugiés, des immigrants (parmi lesquels plus d’un million d’Ukrainiens) et des LGBT, Adamowicz avait publié en avril 2017 un article sur le " Huffington Post " racontant son évolution vers plus de libéralisme en matière de mœurs et sa décision de participer pour la première fois à une « marche de l’égalité » dans sa ville.

« Au cours des siècles, la cité portuaire de Gdansk était fière d’être ouverte à la diversité, et fameuse pour sa tolérance (…). L’histoire montre que les périodes d’ouverture ont contribué à la prospérité de Gdansk, alors que les temps où elle fut gouvernée par la xénophobie et l’intolérance ont engendré la défaite. Comme ce fut le cas, par exemple, au tournant des années 30 et 40 du XXe siècle, quand Gdansk était gouvernée par les nazis  », s’enthousiasmait-il.

Puisse la Pologne divisée entendre son message.

Anne Dastakian

Marianne