Accusée de harcèlement, la sénatrice Esther Benbassa est exclue du groupe " écologiste "

, par  DMigneau , popularité : 0%

Accusée de harcèlement, la sénatrice Esther Benbassa est exclue du groupe " écologiste "

Esther Benbassa s’était " mise en retrait " du groupe " Ecologiste " au Sénat au début du mois de juillet. MARTIN BUREAU / AFP

Dans un communiqué, l’élue EELV dénonce " un simulacre de procédure interne " et " une mascarade de procès ".

Elle s’était mise " en retrait " de son groupe au début du mois de juillet. La sénatrice EELV Esther Benbassa, accusée dans une enquête de " Mediapart " de " harcèlement moral " à l’encontre de ses collaborateurs, a été exclue par son groupe au Sénat, a annoncé ce dernier mardi 14 septembre au soir.

" Après avoir entendu la sénatrice et en conformité avec leur règlement intérieur, les sénateur.trice.s ont décidé d’exclure Esther Benbassa du groupe parlementaire à compter du 15 septembre ", précise le communiqué du groupe " Écologiste, Solidarité et Territoires ", justifiant sa décision par le fait que " Mme Benbassa n’a pas contredit une partie des témoignages et elle n’a, à ce jour, pas jugé opportun de porter plainte en diffamation contre ces accusations ".

Les sénateurs du groupe expriment également leurs " regrets " que la justice " ne soit pas saisie pour des faits d’une telle nature " mais " ne remettent pas en cause (les) témoignages (des collaborateurs, ndlr) et prennent toute la mesure des difficultés que représente souvent l’engagement de poursuites judiciaires  ».

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Dans un communiqué posté le même jour sur " Twitter ", Esther Benbassa dénonce " un simulacre de procédure interne " et une " sommation de répondre aux accusations anonymes relayées par un article de presse ".

" Le groupe écologiste du Sénat vient de s’incliner devant le principe selon lequel le tribunal médiatique prime, toute accusation publique, même anonyme, valant condamnation et justifiant une sanction ", écrit la sénatrice.

La décision a été prise " sans transmission de pièces à charge ou à décharge, sans audition de témoins ou de victimes présumées, en violation des dispositions du règlement intérieur du groupe et du principe de présomption d’innocence ", déplore l’élue de Paris, qui ne fait, " à (sa) connaissance, à ce jour, l’objet d’aucune procédure judiciaire ".

Esther Benbassa indique s’être rendue devant le groupe le 9 septembre " non pas pour me justifier, puisque je ne suis condamnée de rien, mais pour m’expliquer, et réitérer mes excuses pour les maladresses et les erreurs ".

UN CLIMAT DE TERREUR

Dans son enquête, " Mediapart " rapporte les témoignages de huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants que l’élue employait à " l’École pratique des hautes études ".

Tous évoquent un climat de " terreur " instauré par la sénatrice, fait de pressions, de " chantage à l’emploi " et " d’humiliations systématiques ", souvent à l’occasion de mails, individuels ou collectifs, et de SMS consultés et retranscrits en partie par " Mediapart ".

L’élue, dépeinte comme une personne colérique aux propos violents, s’adresse à ses collaborateurs en ces termes : « Vous avez tous les défauts des chercheurs de pays dits " émergents " », " Chaque chose que vous faites devient un fardeau pour moi. (...) Je désespère ".

Ou encore : " Comme vous, y en a des dizaines ! Des dizaines qui ne savent pas écrire une lettre et qui n’ont pas leur place au Sénat ".

Agacée par la réponse, pourtant courtoise, d’une collaboratrice, Esther Benbassa se fend même d’une attaque étonnante pour une femme " de gauche " : " Ne me donnez pas des réponses de syndicaliste. "

Dans un communiqué de " soutien aux victimes de harcèlement ", le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires avait souligné que " la profession, du fait de son lien avec la politique et les rapports de pouvoir, est bien souvent trop entachée par ce type de violence ".

Magazine " Marianne "