Tout comprendre au scandale McKinsey en 6 points et 10 minutes
Tout comprendre au scandale McKinsey en 6 points et 10 minutes
Depuis quelques mois, un scandale gonfle et se précise. « L’État » français aurait, via le gouvernement d’Emmanuel Macron, payé au moins 1 milliard d’euros par an à des cabinets de conseils pour concevoir sa politique, en doublon de l’administration publique et pour des missions dont l’intérêt n’est pas facile à saisir (et le mot est faible).
De l’argent public balancé par les fenêtres ?
Oui, et principalement en faveur d’une entreprise, " McKinsey ", dont on a appris la semaine dernière qu’elle ne payait absolument aucun euro d’impôt en France.
L’homme en charge de la passation de contrat de ce cabinet de " conseil " avec « l’État » n’est autre qu’un ami du président, Karim Tadjeddine, qui partage avec lui une vision de l’État " en mode start up ".
Tout comprendre de ce scandale d’État, de cette gabegie au service des copains, qui entraînerait la chute du gouvernement… si nous vivions en démocratie.
1 – Les cabinets de " conseil ", c’est quoi au juste ?
Si vous ne travaillez pas dans le siège d’une moyenne ou grande entreprise privée, dans un ministère ou une administration publique, le monde des consultants des cabinets " de conseil " vous est sans doute inconnu.
Pour résumer, les cabinets " de conseil " sont payés par des directions d’entreprise ou des ministres pour " expertiser " le travail mené, la comptabilité, mais aussi " conseiller " sur les décisions à prendre pour améliorer la stratégie d’une entreprise… ou les lois d’un pays.
Leur " arme de guerre " ?
Le " PowerPoint ".
Concrètement, les consultants accèdent à l’entreprise, s’entretiennent avec ses strates hiérarchiques puis pondent des " slides " (les pages d’un " PowerPoint ") où ils disent comment " faire mieux avec moins ", être à la fois plus performant et plus économe.
Cette activité est extrêmement lucrative car elle repose entièrement sur la maîtrise (supposée) d’un " savoir ". Une journée de travail est facturée fort cher au client, alors même que d’une entreprise à l’autre, le rendu est parfois le même, à quelques " variations " près.
Les consultants en " organisation ", par exemple, distillent d’une entreprise à l’autre le même discours, fait de " termes-clichés " que vous avez sans doute déjà entendu si vous travaillez dans le privé : « Ne plus travailler " en silo " mais de façon collaborative », " être plus agile ", « fusionner des services pour réduire le " millefeuille décisionnel ” », « affronter les défis de la " digitalisation ” »… leurs lieux d’intervention sont différents, leurs recettes sont les mêmes.
Mais ce sont des gens qui ont le talent de " surjouer " la compétence et qui parviennent à impressionner leurs clients en les noyant sous un jargon technique et des schémas complexes.
Ils travaillent pour le " Boston Consulting Group ", " McKinsey ", " Accenture ", sans oublier les “ Big 4 ” (" Deloitte ", " KPMG ", " PwC ", " Ernst & Young ")…
Autant de géants mondiaux dont la longévité - " McKinsey " existe depuis 1926 - tient à la force de leur modèle économique : “ Ils empruntent votre montre pour vous donner l’heure ”, dit-on d’eux dans le monde de l’entreprise privée.
Heureusement que ce ne sont que des gros groupes capitalistes plein d’argent qui le gaspillent en faisant appel à eux… non ?
2 – Pourquoi le gouvernement a-t-il fait appel à eux ?
Le scandale « d’État » qui se dessine petit à petit, c’est que ces cabinets " de conseil " aux pratiques fort douteuses ont été utilisés massivement par notre gouvernement pour l’aider dans ses missions, en doublon de l’administration publique et " à prix d’or ".
La polémique a débuté l’année dernière, lorsque nous apprenions que le gouvernement avait eu massivement recours au cabinet " McKinsey " pendant la crise sanitaire, afin d’organiser " la logistique " de la campagne vaccinale.
Sauf que " McKinsey ", cabinet mondial et puissant, semble être un choix particulièrement douteux. En effet, l’année dernière, il a été condamné aux États-Unis à une amende de 573 millions de dollars en raison du rôle joué au début des années 2010 auprès du laboratoire " Purdue Pharma ".
https://www.frustrationmagazine.fr/mckinsey/
Cette entreprise a commercialisé " l’OxyContin ", opiacé terriblement addictif qui aurait tué jusqu’à 200 000 Américains par " overdose ". Cet antidouleur a été " sur-prescrit " sur tout le territoire grâce à une vaste stratégie d’influence menée par le laboratoire, avec les " bons " conseils de " McKinsey ".
Les consultants avaient même anticipé le nombre potentiel " d’overdoses " afin de conseiller à " Purdue Pharma " une stratégie d’indemnisation susceptible de maintenir les ventes et la réputation du produit.
Extrait d’un " PowerPoint " de " McKinsey ", réalisé pour le compte de l’entreprise " Purdue Pharma ". Dans ce document, les consultants expliquent comment continuer de vendre des opioïdes malgré les " overdoses ", en accordant des remises aux pharmacies.
Mais ça n’a pas empêché le gouvernement français de faire appel à eux pour gérer le dossier particulièrement sensible de la " vaccination ".
Le poids croissant de ces consultants dans la gestion des affaires publiques ayant fait un peu de bruit, le groupe « communiste » au Sénat a mis en place l’année dernière une commission d’enquête chargée de faire " la lumière " sur cette nouvelle tendance.
Le rapport qui en a résulté et que nous avons consulté est particulièrement riche car il se base sur des dizaines d’heures d’audition des principaux acteurs de " l’Affaire ", des consultants eux-mêmes aux ministres qui ont fait appel à eux.
http://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-11.pdf
On y apprend d’abord que les dépenses de cabinet " de conseil " ont doublé au cours du quinquennat, pour atteindre la somme d’un milliard d’euros en 2021.
Pour comparaison, le budget annuel consacré à " l’égalité femmes-hommes " est de 50 millions d’euros.
https://www.budget.gouv.fr/budget-etat/ministere?ministere=45202&programme=51691
Donner de l’argent aux cabinets privés semble être la véritable " grande cause du quinquennat ", à en croire le rapport, qui souligne le recours de plus en plus systématique aux cabinets " de conseil ", majoritairement en doublons de compétences existantes dans l’administration publique.
Les rapporteurs précisent que la somme d’un milliard d’euros annuelle est « une estimation minimale car les dépenses des opérateurs sont en réalité plus élevées. Si la commission d’enquête a interrogé ceux dont le budget était le plus important (" Pôle emploi ", " Caisse des dépôts et consignations ", etc.), l’échantillon ne représente que 10 % du total des opérateurs » (p.8).
La somme d’un milliard d’euros est donc TRÈS sous-estimée.
3 – Pour quels résultats ?
Que faisaient-ils, concrètement, ces consultants, dans nos ministères et administrations ?
Ils produisaient des " conseils " sur l’organisation des services d’une part, comme - par exemple - la création du “ baromètre des résultats de l’action publique ”, facturé aux contribuables 3,2 millions d’euros en 2021 par le cabinet " Capgemini ", nous apprend le rapport du Sénat, ou encore l’organisation de " concertations ", débats publics ou autres " bullshits " participatifs dont le " macronisme " raffole (souvenez-vous du " grand débat national " ou de la " convention citoyenne sur le climat " qui ont tous deux abouti à… RIEN).
Toujours selon le rapport du Sénat, ce même cabinet " Capgemini " a ainsi facturé à « l’État » un million d’euros pour son appui à l’organisation des " États généraux de la justice ", grand raout censé permettre de résoudre l’institution en crise.
Pour faire quoi ?
Mettre en place une " plateforme participative " (" Parlonsjustice.fr ") et organiser des " ateliers délibératifs " avec des citoyens volontaires.
https://www.parlonsjustice.fr/
Parfois, il s’agit de donner un " coup de boost " aux administrations pour appliquer vite vite des réformes : ainsi, " Mckinsey " a facturé 4 millions d’euros aux contribuables pour " former " l’administration aux ajustements nécessaires à l’application de la baisse des APL.
Mais rassurez-vous : avec cette réforme, « l’État » a déjà économisé 10 milliards d’euros sur le dos des plus pauvres.
Audition de Karim Tadjeddine, directeur associé de " McKinsey France ", par la sénatrice « communiste » Éliane Assassi, au sujet du but de la mission sur les évolutions du métiers d’enseignants (496 000€).
Réponse ?
“ Réflechir à des thèmes de réflexion ”, entre autres.
Mais ce qui est encore plus choquant, c’est qu’alors que nous payons déjà fort cher pour avoir des députés, des sénateurs et toute l’administration qui permet le fonctionnement législatif, les consultants ont été massivement utilisés pour changer la loi.
Ainsi, ils sont intervenus dans la réforme de « l’assurance-chômage » (y compris dans les arbitrages politiques la concernant), celle de la « formation professionnelle », mais aussi les lois sur la santé, sur les transports, la réforme de " l’aide juridictionnelle ", etc.
Le rapport montre comment, au prétexte d’aider le gouvernement à " préparer " les lois, les cabinets " de conseil " orientent la décision publique, alors que personne ne les a mandatés pour ça.
Mais parfois, les cabinets " de conseil " nous ont coûté cher… pour rien du tout : le rapport documente ainsi une facture de 496 800 € de " McKinsey " pour une mission de réflexion sur " l’avenir du métier d’enseignant " qui n’a pas abouti.
Enfin si, ça a abouti à un rapport de deux cent pages qui " enfonce des portes ouvertes ", soit 2 480 € la page.
https://twitter.com/Portes_Thomas/status/1507269671766081543
Mais aussi 558 900 € pour le cabinet " Boston Consulting Group " - BCG pour les intimes - pour l’organisation d’une “ Convention des managers de l’État ” qui… n’a jamais eu lieu.
Vous êtes sûrs que ce sont les fonctionnaires qui coûtent trop cher ?
Même lorsque les " missions " aboutissent, l’action des consultants est très questionnable. Le rapport décrit leurs méthodes, directement inspirées du " bullshit managérial " dont les groupes privés raffolent, à base " d’ateliers " – pardon, de " workshop " – qui recourent aux pratiques suivantes, attention les yeux :
« – le " bateau pirate " : chaque participant s’identifie à un des personnages (capitaine, personnages en haut du mât ou en proue, etc.) et assume ce rôle, son positionnement, ses humeurs, etc.
– le " lego serious play " : chaque participant construit un modèle avec des pièces " lego ", construit l’histoire qui donne du sens à son modèle et la présente aux autres »
(Extrait du rapport du Sénat, page 102)
Ce que révèle ce rapport rappelle “ l’affaire du Sirhen ”, un projet de " méga-logiciel " de gestion de ressources humaines pour « l’Éducation nationale » qui a échoué après 10 ans de travaux, pour un coût total de 350 millions d’euros dont… 270 pour le cabinet de conseil " Capgemini ".
Cette façon de facturer fort cher des travaux de piètre qualité nous a été rapportée il y a deux ans par un consultant d’un des “ Big Four ” intervenant auprès de « l’État », Joan.
Voici ce qu’il nous racontait, dans un témoignage édifiant (à lire en intégralité ici :
« En théorie, nos travaux devaient être solides et les prix justifiés : experts ayant plus de 15 ans de bouteille, expériences reconnues et savoir-faire prouvés et éprouvés d’un " Big Four " pour une qualité “ assurée ”.
Par définition, un " Big Four " étant présent partout dans le monde, il dispose d’expériences et d’experts dans virtuellement tous domaines.
En pratique, mon service avait une exigence de marge de 40 % : si nous avions un “ projet ” à 100 000 €, celui-ci ne devait coûter que 60 0000 € à réaliser à l’entreprise en coûts de personnels, les 40 000 € disparaissant dans le " biz dev ", les frais généraux et, surtout, les poches des actionnaires. »
Les honnêtes citoyens qui ont toujours peur de payer des profs à " se la couler douce ", que pensent-ils du fait que Macron et ses amis payent un salaire mensuel par jour à des " consultants " chargés de faire jouer des fonctionnaires aux " Lego " pour remplir les poches de quelques actionnaires ?
4 – Pour quoi faire ?
A l’échelle des entreprises privées, le recours au cabinet " de conseil " participe de tout l’équilibre de la machine capitaliste.
Il s’agit de " fluidifier " les rouages du système en légitimant des décisions purement financières au nom de considérations rationnelles et " stratégiques ".
Autrement dit, la mission idéologique des consultants est de faire croire, y compris à ses membres, que les entreprises capitalistes sont là pour autre chose que de générer du profit pour les actionnaires.
Ils interviennent pour conseiller des " réorganisations ", des plans de licenciements et nimber le tout de grandes " notions managériales ", histoire de rendre la réalité moins mesquine et cruelle.
Ils sont l’administration du mensonge : tout comme « l’Union Soviétique » avait sa bureaucratie et ses " commissaires politiques ", le monde capitaliste a ses " consultants " en costume qui viennent raisonner les collectifs de cadres à coup de " PowerPoint ", afin qu’ils mettent en œuvre le sale boulot et contribuent à renforcer la remontée de dividendes.
Mais à quoi servent-ils à l’échelle d’un « État » ?
Eh bien précisément à le faire fonctionner comme une entreprise et à faire remonter le profit via des économies budgétaires – aux actionnaires de son président : la " grande bourgeoisie ".
Et au passage à se servir copieusement sur le dos du contribuable.
Pour nous autres, c’est la " double peine " : non seulement les cabinets " de conseils " viennent imposer à nos administrations publiques une vision de leur action profondément nocive pour nous, à base de pseudo-consultations " participatives " et de violentes coupes budgétaires comme la réforme des APL exécutée sous le saint patronage de " McKinsey ", mais en plus ils représentent un budget croissant que nous payons avec nos impôts !
La “ convention des managers de l’État ” n’a jamais eu lieu.
On vous laisse apprécier le programme de cet " évènement-fantôme " qui nous aura tout de même coûté la modique somme de 558 900 €, en faveur du cabinet " Boston Consulting Group "
(extrait du rapport du Sénat)
Le rapport le documente " noir sur blanc " : l’arrivée des cabinets " de conseils " dans nos ministères a servi à forcer la main aux fonctionnaires.
De gré ou de force, en les infantilisant à base d’ateliers " Lego " ou en les forçant via des " arbitrages " à coup de " PowerPoint ".
Pour les pousser à quoi ?
A adopter la logique cynique qui prévaut dans les groupes privés capitalistes, qui consiste à ne pas avoir d’états d’âme envers les usagers et les citoyens. C’est ce qu’a expliqué aux rapporteurs Estelle Piernas, « Secrétaire nationale » de l’UFSE (" Union fédérale des syndicats de l’État ")-CGT : « c’est palpable quand des consultants parlent de “ clients ” et non “ d’administrés ”. Cette méconnaissance les amène à ne pas prendre en compte la qualité du service rendu à tous les administrés, en zone urbaine comme rurale ».
Quand on regarde la liste des interventions de cabinets, détaillés dans le rapport du Sénat, on se rend compte qu’il s’agit le plus souvent d’opération de " Transformation " de tel service ou telle administration.
Transformation vers quoi ?
En " autre chose " que du service public.
5 – Pour qui ?
La vision de « l’action publique » que portent les cabinets " de conseil " est celle du président Macron. Il l’a d’ailleurs développé dans un livre au titre explicite, « L’État en mode " start up " » sous la direction de Yann Algan et Thomas Cazenave (2016), qu’il a préfacé.
Sa principale thèse consiste à promouvoir la vision « d’une action publique réinventée, plus agile et collaborative, " augmentée " par l’innovation technologique et sociale. »
Et qui d’autre a participé à l’écriture de ce " livre-manifeste " ?
Karim Tadjeddine, directeur associé du bureau français de " McKinsey " et chargé de la branche " Secteur public " de l’entreprise. C’est-à-dire celui-là même qui est l’interlocuteur des ministères pour toutes les missions réalisées à prix d’or par son cabinet.
La collaboration entre Emmanuel Macron et Karim Tadjeddine n’a pas commencé avec ce livre. Elle remonte à leur participation à la Commission " pour la libération de la croissance française ", lancée par Nicolas Sarkozy en 2007 et plus connue sous le nom de " Commission Attali ", du nom de son rapporteur.
Parmi les préconisations de cette commission : " Transformer l’action publique ".
McKinsey, le cabinet chouchou du gouvernement pendant la crise sanitaire (rapport de la commission d’enquête du Sénat)
Une transformation que les cabinets " de conseil ", dont celui de Karim Tadjeddine, mettent en œuvre " au forceps ", avec la bénédiction de l’ami et président Macron, dont Tadjeddine a participé à la campagne électorale en 2017, ainsi que plusieurs autres consultants de " Mc Kinsey ", comme nous le révélait " le Monde " en février 2021.
Ça s’appelle dans le métier faire du “ pro bono ”, c’est-à-dire travailler " gratos " pour les copains… mais rien n’est jamais gratuit et on peut dire que le cabinet a été largement récompensé pour son " coup de pouce " au candidat, une fois celui-ci devenu président.
En France, il n’est pas légal de donner plus de 2 500 € à un candidat à l’élection présidentielle, pour éviter de potentiels conflits d’intérêts. Par contre, il est tout à fait possible pour une société d’envoyer ses consultants travailler " gratos " pour le candidat pour bizarrement devenir le prestataire préféré de son gouvernement, une fois élu.
6 – Pourquoi un tel silence autour de ce scandale d’État ?
Résumons : chaque année, le gouvernement se voit facturer au moins un milliard d’euros – soit plus que les dépenses 2021 pour la jeunesse et " la vie associative " – pour des prestations de conseils effectuées par quelques grands cabinets mondiaux.
Ces prestations sont floues, parfois carrément sans effets, ou portent une certaine vision des services publics, clairement défavorable à sa qualité.
L’un des principaux cabinets auquel « l’État » a recours - " McKinsey " - est dirigé par un ami d’Emmanuel Macron avec qui il partage une vision de « l’État » à transformer de gré ou de force selon les principes en vigueur dans les entreprises privées.
" Cerise sur le gâteau ", nous apprenons cette semaine que " McKinsey " ne paye aucun impôt en France, contrairement à ce qu’a affirmé l’ami de Macron, Karim Tadjeddine, devant le « Sénat ».
On se fait donc, en tant que contribuable et citoyen, " plumer " trois fois au cours de cette affaire :
une première fois en payant des millions d’euros à des cabinets " de conseil ",
une seconde fois quand le principal cabinet dont « l’État » est client pratique " l’optimisation fiscale " et ne paye aucun impôt en France.
une troisième fois, et pas la moindre, quand l’action de ces cabinets contribuent à détruire petit à petit notre protection sociale et nos services publics : d’abord en réduisant nos prestations, comme dans le cas de nos APL.
Ensuite, en rendant de plus en plus inaccessible l’administration aux millions de Français concernés par " l’illectronisme " (16,5 % des Français ont des difficultés avec « Internet » et " l’informatique " en général) et qui sont donc exclus de la " digitalisation " à marche forcée des services publics dont ces cabinets " de conseils " sont les principaux promoteurs.
Enfin, en faisant passer des décisions politiques pour des choix techniques, puisque ce sont de plus en plus des " consultants " en cravate sur-diplômés qui choisissent notre avenir et de moins en moins des élus.
Citation de Macron lors du sommet " Vivatech " le 15 juin 2017
Pourquoi un tel silence face à ce scandale ?
Pourquoi Macron, à trois semaines du premier tour, n’est-il pas plongé dans la tourmente, assailli de questions sur le choix d’un cabinet dirigé par l’un de ses amis et pratiquant " l’optimisation fiscale ", ce qu’aucun des ministères dans lequel ses " consultants " se rendaient ne devait ignorer ?
Parce que l’ensemble de notre classe médiatique et la majeure partie de notre classe politique adhère au plus profond d’elle-même aux conceptions idéologiques de l’action publique portée par l’alliance entre la " macronie " et les cabinets " de conseil ".
Car il s’agit là d’un projet porté de longue date par la bourgeoisie, de " transformation " de la politique publique en " science technique " réservée à quelques diplômés, et qu’il convient d’imposer de gré ou de force à la masse inculte de “ Gaulois réfractaires ” et de fonctionnaires archaïques qui composent ce pays.
C’est pourquoi l’ensemble de la presse " mainstream " fait passer la réélection de Macron pour une nécessité politique : pas au nom de la guerre en Ukraine - non - mais au nom de la guerre qui nous est faite à NOUS.
Cette guerre des classes qui fait chaque jour des milliers de victimes :
les chômeurs radiés car " trop peu réactifs " à l’appli " Pôle Emploi " (radiations records ce mois-ci),
les étudiants à qui l’on reprend les APL au moindre justificatif erroné,
les allocataires du RSA que Macron prévoit de faire travailler gratuitement…
https://www.frustrationmagazine.fr/rsa-travail/
Cette guerre aux usagers des services publics et de la protection sociale se déroule en parallèle de la guerre menée à l’encontre des salariés des entreprises privées.
Les " lieutenants " de cette guerre sont désormais les mêmes : les " consultants " cravatés des cabinets " de conseil ".
Une seule question se pose désormais à nous, maintenant que l’on sait que ce scandale d’État n’en sera pas un, car nous ne faisons que découvrir une réalité que toute la bourgeoisie connaît et salue : quand est-ce qu’on les dégage ?
Nicolas FRAMONT
Frustrationmagazine.fr