Référendums : un " honneur " pour le climat, un " danger " pour la privatisation d’ADP
Référendums : un " honneur " pour le climat, un " danger " pour la privatisation d’ADP
Capture d’écran " Europe 1 "
L’enthousiasme affiché par Jean Castex ce mardi 15 décembre à propos du référendum sur le climat contraste avec l’hostilité de « l’exécutif » à propos du " Référendum d’initiative partagé " sur la privatisation " d’Aéroports de Paris ".
Fervents " démocrates ", surtout quand ça les arrange.
Ce mardi 15 décembre, le Premier ministre, Jean Castex, a rendu sur " Europe 1 " un vibrant hommage aux vertus de la démocratie, après l’annonce par Emmanuel Macron d’un référendum sur le climat.
Ce bel enthousiasme contraste nettement avec l’hostilité qu’affichait « l’exécutif » lorsqu’il était - par exemple - question d’organiser un référendum sur la privatisation d’ADP.
À croire que la valeur de la consultation directe du peuple est indexée sur la conformité présumée de sa réponse avec les plans du gouvernement.
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Avec sa bonhomie habituelle, père Castex nous raconte l’histoire de la " formidable innovation politique " qui a conduit à ce projet de référendum : " Le président de la République a fait appel à 150 citoyens. C’est totalement innovant. Ils ont fait des propositions fortes, que nous allons écouter, dont nous allons collectivement débattre. Ça, c’est déjà nouveau. "
Mais le meilleur reste à venir.
" Ensuite, la démocratie représentative, le Parlement, va reprendre ses droits , continue Jean Castex. C’est normal. Il va examiner un projet de loi qui sera issu des propositions des citoyens. Il va en débattre, il votera. "
Palpitant.
" Et puis, et puis, conclut le chef du gouvernement, nous avons souhaité que sur ces sujets majeurs, le peuple souverain se prononce. "
Une procédure démocratique contre laquelle le prédécesseur de Jean Castex à Matignon, Édouard Philippe, s’était pourtant élevé dans " Le Monde " à propos du projet de " référendum d’initiative partagé " sur la privatisation d’ " Aéroport de Paris ".
" Ça me semble très dangereux d’opposer les souverainetés , faisait-il valoir le 22 mai dernier. Ce n’est pas sain quand la représentation parlementaire corrige ce qu’a voté le peuple, et inversement. "
Ce qui vaut pour le RIP ne semble donc pas valoir pour un référendum décidé par « l’exécutif ».
" Artifices de communication "
Le gouvernement se dit ainsi prêt à " courageusement " s’avancer sur un sujet aussi " polémique " que " Faut-il sauver la planète ? ", et Jean Castex " le preux " écarte d’un revers de main l’idée d’un vote sanction contre Emmanuel Macron.
" L’écologie, je pense que nos concitoyens en sont parfaitement conscients, est une cause qui nous réunit, qui nous dépasse tous ", explique-t-il.
" Je pense que donner la parole au peuple, c’est la quintessence de la démocratie, et c’est un honneur pour le président de la République que d’y recourir. "
Le « Premier ministre » affiche son volontarisme : " L’opposition évidemment s’oppose, l’essentiel, c’est que le peuple ait le dernier mot. "
" Je crois, pour que ce ne soit pas des artifices de communication, qu’il faut saisir le peuple sur des questions essentielles, qui font bouger la société ", insiste-t-il. Sous-entendu : ADP n’est pas un sujet assez essentiel.
Mais dans ce cas, pourquoi ne pas soumettre à un référendum la réforme des retraites ou la réforme du « Code du travail » ?
Et pourquoi pas un texte sur " la laïcité ", comme le suggère l’intervieweuse Sonia Mabrouk ?
" La laïcité est un sujet essentiel, les principes de la laïcité ont déjà, vous le savez, une portée constitutionnelle ", défend-il.
Pas de chance, l’écologie aussi.
La « Charte de l’environnement » fait en effet déjà partie de ce que les juristes appellent le " bloc de constitutionnalité ". Le peuple est donc " cordialement invité " à se prononcer en faveur d’un principe consensuel et déjà établi dans la norme fondamentale.
La " quintessence de la démocratie ", qu’il disait.
Louis NADAU
Marianne