Optimisme du " tragisme " - Autour de la pensée d’Adam Jan Karpiński

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Optimisme du " tragisme " - Autour de la pensée d’Adam Jan Karpiński

Depuis 1989 et aux yeux du monde extérieur, la pensée créative semble avoir quasiment abandonné la Pologne et la plupart des pays voisins, en particulier dans le domaine de la philosophie se développant à partir des acquis de Karl Marx.

Et pourtant, même si les penseurs originaux de ces pays doivent la plupart du temps " raser les murs ", il y a encore quelques " pousses " qui s’acharnent à vouloir faire renaître envers et contre tout une pensée d’autant plus courageuse et originale qu’elle se développe sur un paysage de ruines, et alors que les impulsions créatives censées arriver de « l’Ouest » ne sont pas non plus particulièrement stimulantes de nos jours.

Raison pour laquelle nous avons voulu présenter cet article écrit par un des disciples d’un maître à penser polonais qui n’a pas accepté de " retourner sa veste " au gré des fluctuations de la conjoncture " politico-géopolitique ". Et qui, en voulant prolonger Marx, étend ses réflexions vers ce que pourrait aussi apporter l’héritage religieux ou " slavophile " en matière de poursuite de la marche vers " l’utopie réalisable ".

La Rédaction


" Le résultat est un cadavre qui ne connaît pas et ne reproduit pas le chemin qui y mène ”, a déclaré M. Hegel.

Le chemin qui nous intéresse ici est celui d’un scientifique qui ayant été " jeté au monde ” à un certain moment et à un certain endroit ne part pas de zéro ; quelqu’un qui a déjà parcouru les chemins, fixé des directions, poussé à suivre l’un d’entre eux.

Dans cette dimension de l’activité humaine, les temps passés, présents et futurs sont particulièrement imbriqués. Un nouvel adepte " jeté " dans l’apprentissage y entre par un chemin scabreux, et pour ne pas tomber prématurément, il faut un " panneau de signalisation ".

Un tel " panneau ", c’est le Maître.

J’ai eu la chance de rencontrer « le Maître » pendant ma première année d’études en Sciences politiques, au tournant des 20ème et 21ème siècles. C’était le professeur Adam Jan Karpiński, un philosophe, un sociologue et un éducateur qui a pour toujours imprimé ses traces dans ma spiritualité. Mais lui non plus n’a pas commencé " à partir de zéro ", en créant sa propre pensée philosophique, sociale, politique et religieuse.

La catégorie " autour ” contenue dans le titre de cet article signifie que nos réflexions portent sur des questions incluant les inspirations, les diagnostics, les idées, les prévisions, les vérifications ainsi que la poursuite des réflexions du professeur.

Parmi ses maîtres et éducateurs les plus importants, le professeur Karpiński mentionne entre autres : le professeur Andrzej Nowicki, le professeur Mirosław Nowaczyk, le professeur Stanisław Kozyr - Kowalski (2).

Alors quel genre de " vent spirituel " a soufflé sur ses voiles scientifiques de la part des chercheurs précités ?

Au tout début, Karpiński a repris le modèle universel et intemporel de " l’homme de la Renaissance ".

Nowicki a affirmé qu’ " un philosophe, c’est seulement celui qui peut dire quelque chose qui lui est propre, quelque chose que personne n’a remarqué avant lui ” (3).

De plus, son credo était rempli des contenus suivants :

- premièrement, la pensée de Manetti : si l’on veut parler de la dignité humaine - de " dignitate hominis " - il faut parler des choses, pointer du doigt les œuvres d’art, les théories scientifiques ;

- deuxièmement, la pensée de Mirandola : l’homme n’a pas à accepter la forme que lui impose le monde, mais il peut donner forme à sa propre personnalité ;

- troisièmement, une pensée de Thomas Morus : la société n’a pas à vivre dans un système qui se perpétue, mais elle peut et doit changer ce système ;

- quatrièmement, une pensée de Giordano Bruno : l’homme n’a pas à croire en ce qu’on lui dit de croire. Il n’a pas besoin de regarder le monde avec les yeux des autres, il a le droit de penser avec son propre cerveau, et le droit de combattre ceux qui veulent le priver de ce droit.

Et s’il veut créer quelque chose, il n’a pas à imiter les autres créateurs, mais il a le droit d’écouter la voix de sa propre muse, il a le droit de créer des œuvres qui ont en elles leurs propres règles d’existence.

Ils ne reçoivent pas, ils ne prennent pas ces règles de l’extérieur.

Enfin, cinquièmement, la pensée de Vanini : la perfection ne consiste pas à finir, mais à avoir un espace pour le développement multidirectionnel, le développement, la transformation, l’amélioration. Le monde dans lequel nous vivons n’est pas prêt, fini, fermé, mais c’est un champ ouvert que nous pouvons et devons transformer (4).

Un autre de ses maîtres était le professeur Mirosław Nowaczyk (le promoteur de sa maîtrise et de sa thèse de doctorat). Il partageait certainement sa vision de la philosophie, qui « en termes socratiques, peut être décrite comme thérapeutique, divisive et critique. La philosophie, pour la traiter, doit reconnaître la maladie : elle doit révéler le non-ordre des pensées et les structures qui la conditionnent, et prescrire la thérapie, qui cependant, est déjà liée à sa fonction de division, puisque l’état présent dépend non seulement du passé mais aussi du futur : le sens du présent est expliqué du point de vue de ce qui - comme le dit Bloch - " n’est pas encore là ".

La thérapeutique et la division s’accompagnent d’une critique qui, premièrement, révèle le fossé entre « la valeur » et « la réalité », entre « l’idéal » et la vie ; deuxièmement, compte tenu de la transformation historique des valeurs, la philosophie est obligée de révéler des valeurs universellement importantes  » (5).

En termes de connaissances sociologiques, il faut mentionner les travaux de Stanisław Kozyr-Kowalski.

Ce chercheur de Poznań a critiqué l’attitude des scientifiques basée sur le principe " Nihil pro veritate omnia pro temptore ". (" Rien pour la vérité, tout pour l’époque ") ; tout comme Hegel reconnaissait l’amour de la vérité et l’élévation au-dessus des intérêts particuliers comme conditions élémentaires de toute science et philosophie.

En même temps, il a postulé le rejet de la sociologie dite " lyrique ", c’est-à-dire la présentation de la connaissance sociale qui couvre les phénomènes négatifs tels que l’exploitation, la manipulation, les guerres, l’injustice ; il a développé un matérialisme historique et dialectique appelé " néoclassicisme sociologique " (6).

Suivant ces lignes directrices, le professeur Karpiński a rejeté le " lyrisme " pour la tragédie, caractérisée par une crise de la culture et des valeurs, une manipulation exposée, l’injustice du système capitaliste et l’objectivation. Cependant, dans l’exercice de ses fonctions d’humaniste, il a su démontrer des méthodes visant à résoudre les problèmes, d’où la métaphore de sa production qui peut être résumé sous l’expression : " d’optimisme du tragisme " (7).

Les travaux du professeur Karpiński sont riches en contenu philosophique, sociologique, mais aussi économique, politique et religieux. Parmi ses manifestations, nous nous concentrerons sur quelques-unes d’entre elles sélectionnées en raison du nombre d’ouvrages qui leur sont consacrés, de l’originalité de la démarche et des enjeux que la pratique sociale a confirmés et continuent de confirmer.

Karl Marx

L’un des penseurs les plus importants qui ont inspiré Karpiński est le chercheur allemand Karl Marx.

L’ouvrage clef qui lui a été consacré est sa thèse d’habilitation " Une tentative de reconstruction des prémisses théoriques du concept de culture et de religion de Marx ", où il postule une lecture humaniste de l’œuvre du philosophe de Trèves.

Malgré le changement de système social en Pologne, le professeur a poursuivi ses études sur Marx, sans la foi que beaucoup ont d’ailleurs perdue à l’époque (8). C’est, en particulier, le développement de cette méthode auquel il s’est intéressé (9), ce qui l’a amené aussi à critiquer le créateur du " Manifeste du Parti communiste " (10).

Il a trouvé et appliqué des catégories telles que " l’existence sociale ", " l’aliénation ", le " capitalisme ", le " holisme méthodologique ", " l’humanisme ". Lorsqu’on fait une comparaison biographique, il n’est pas difficile de conclure que les deux périodes lointaines d’activité de recherche étaient liées par l’appel : " Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières ; il s’agit de le changer ” (11).

Cette méthode est devenue heuristique, d’autant plus que le tournant des XXe et XXIe siècles a été l’époque où le capitalisme en Pologne a révélé toute sa réalité : chômage de masse, exploitation des travailleurs, aliénation, " atomisation sociale ", inégalités de revenus croissantes, rêves d’évasion de la Pologne pour aller chercher son pain ailleurs.

Dans ce contexte social et historique, les analyses du professeur sont devenues une véritable illumination pour ses étudiants ; elles leur ont non seulement appris à penser de manière critique, mais aussi à voir le potentiel existant de changement social.

Il les a inspirés et il y a participé (12).

Après Marx, il a enseigné et appliqué le principe : la pratique sociale est le seul critère de vérité. Et on peut constater aujourd’hui l’exactitude de ses décisions.

Ce constat a été confirmé en particulier depuis la crise du capitalisme et de la " mondialisation " en 2007-2008, qui a marqué la fin du monopole que « l’Occident » détenait dans le cours de l’Histoire du monde depuis le XVIe siècle, que ce soit dans ses dimensions militaire, politique (" démocratie "), économique (" libre marché "), scientifique (technologie) ou intellectuelle (" modernisme ") (13).

À l’époque, nous avons élaboré ensemble la liste des contradictions fondamentales du monde capitaliste moderne. Elles n’incluaient pas les États qui n’avaient pas renoncé à la créativité de l’œuvre de Marx et qui rencontrent aujourd’hui leurs plus grands triomphes dans le domaine de la civilisation, de l’économie et de la politique en poursuivant des stratégies visant à construire le socialisme (14).

Les chercheurs chinois comparent ouvertement leur pays avec la Pologne et on ne trouve rien dans ces analyses qui puisse être à notre avantage (15). La réponse à la question de savoir qui avait raison : les partisans de la pensée de Marx ou les partisans libéraux du " marché libre " est donc devenue évidente. Mais pour les partisans de « l’eurocentrisme », utilisons un autre argument.

Le 5 mai 2018, les plus hautes autorités de « l’Union européenne », en la personne du président de la « Commission européenne », Jean-Claude Juncker, donc " l’élite " des différents pays européens, ainsi que de nombreuses autres personnes " éclairées " d’Europe et du monde, ont inauguré à Trèves un monument dédié au bicentenaire de Karl Marx (monument offert par la Chine).

Il a alors été dit ouvertement que la contribution de Marx fait de lui un citoyen européen et que sa méthode peut toujours être utile aujourd’hui. Même dans une revue américaine d’importance favorable au capitalisme, " Foreign Affairs ", il a été noté que Marx est toujours d’actualité (16).

Ce qui différencie l’approche « critique » et « humaniste » de l’approche « idéologique » cependant, c’est la capacité de mettre en garde contre le fait, plutôt que de se lamenter sur le lait déjà renversé en notant les conséquences négatives toujours plus récentes du système capitaliste.

Enfin, en 2019, le président français Emmanuel Macron a déclaré que le capitalisme devenait fou, ne prêtant pas pour autant attention à son propre rôle dans ce processus, ce qui fut particulièrement observable par la réaction autoritaire qu’il mena contre le mouvement des " Gilets jaunes ”, qui avait pourtant reçu jusqu’à 80 % du soutien de la part des Français.

À cet égard, le professeur Karpiński a également prédit, et à juste titre et dès 2005, que « l’Union européenne », en tant que " super-État " du XXIe siècle, ne pourrait pas réussir en raison du nominalisme des valeurs qu’elle défend (17). C’est l’essence même du capital qui constitue un obstacle à l’intégration sociale, politique et culturelle européenne (18).

Ce qu’a pleinement confirmé les événements qui se sont déroulés au cours de l’année 2019.

Les réflexions sur les inspirations de Marx doivent être complétées par une remarque selon laquelle l’une des catégories les plus importantes développées grâce à cette méthode est " l’artefact culturel religieux ", qui signifie " un mode de pensée libre de tout contenu religieux ; libre de telle sorte qu’il puisse être utilisé dans l’analyse des phénomènes non religieux, des phénomènes du monde profane ”(19).

L’utilisation de cette catégorie permet de montrer comment les fonctions du concept de « dieu » liées à la sphère de la religion se manifestent également dans d’autres domaines de la vie sociale, comme en témoignent des catégories telles que : la démocratie, le « marché », la « mondialisation », etc. Ainsi, le professeur Karpiński a donné un nom à un phénomène déjà remarqué dans la littérature mondiale, où l’on a décrit la manière dont « l’Économie » s’est transformée en religion (20), en créant une vision " religieuse-eschatologique " du capitalisme et du « marché » comme réalisation du " Royaume de Dieu " sur terre (21).

Sociologie critique

La méthodologie et l’approche philosophique qui ont été développées ont trouvé leur concrétisation dans la sociologie en cours de création. Une source importante de réflexion a été celle de Florian Znaniecki, qui partageait cette approche (22). Après des années de recherche, le professeur Karpiński décrit son approche comme étant de la " sociologie critique ", faisant référence au rôle des " utopies de renouveau " dans le changement social.

Il l’oppose à la sociologie " apologétique ", qui se concentre sur les contenus sociaux et les faits qui justifient le caractère raisonnable de l’existence sociale existante (Hegel : " ce qui est réel est raisonnable, ce qui est raisonnable est réel ”), en se limitant à une analyse des faits dits " purs ", sans les juger par des valeurs.

Elle s’inscrit donc dans une tendance de recherche " anti-scientiste " qui ne voulait pas que la science contribue " à une ère de techniciens sans âme qui manquent à la fois de compréhension et de passion, et qui ne seront utiles que parce qu’ils peuvent être utilisés ” (23).

Cela, un humaniste n’a pas le droit de le faire, c’est pourquoi Karpiński a développé une " sociologie critique " qui a adopté une philosophie, une philosophie sociale et un système de valeurs spécifiques (" axiologie "), comme point de départ pour évaluer les faits après enquête (24).

L’aspect éducatif de cette approche a été ressenti par tous les étudiants au début de la lecture de son " Introduction à la sociologie ”, où l’auteur explique que la science " édulcorée ” conduit à une scission de la vie académique : « d’une part, les conférences, les exercices, l’observation des " belles mines ”, et parfois le " clin d’œil ” fait au professeur pour lui indiquer que nous nous " comprenons ”, d’autre part, la poursuite brutale de la vie quotidienne, dans laquelle un jour sans génuflexion envers le " dieu Mammon ” et ses grands prêtres est un jour de perdu » (25).

La crise des relations entre étudiants et " maîtres-élèves " en constitue un exemple clair.

L’Utopie

L’appel de Thomas Morus selon lequel la société n’a pas à vivre dans un système tel qu’il a été reçu, mais qu’elle peut - et doit - le changer, c’est à cela que s’est attelé le philosophe et sociologue polonais qui a réalisé ce système en faisant des recherches sur les utopies, en poursuivant de manière créative les pensées précédemment présentes dans la culture polonaise (26).

Ayant rejeté la division marxiste en socialisme " utopique " et " scientifique ", il distingue désormais deux types d’utopies : " réaliste ” et " irréaliste ” (27). Nous avons convenu de définir les utopies " réalistes " comme étant des projets montrant comment les choses devraient être, c’est-à-dire comment organiser une société qui réalise les valeurs souhaitées.

Ainsi, elles contiennent le système " axionormatif " et les institutions qui le défendent, offrant ainsi un horizon pour la mise en œuvre d’une politique spécifique.

Par « politique », nous entendons la création de relations sociales telles qu’elles constitueront un moyen de réaliser les valeurs acceptées. L’efficacité de cette politique dépend à la fois du but et de la méthode retenue pour l’atteindre (28). La coopération a favorisé l’interdisciplinarité, c’est-à-dire la combinaison de contenus philosophiques et politiques.

Cet aspect utopique qui apparaît souvent dans les travaux de Karpiński, a été développé de manière plus complète dans un livre consacré à la critique de la propriété privée, décrivant les propositions d’actions concrètes comme " matérialisant l’idée du fils prodigue ”.

Parmi les propositions possibles figuraient :

- le droit à l’hospitalité, reconnaissant ainsi que chaque habitant de la Terre devrait recevoir ce que l’on appelle un " niveau minimum de subsistance ", c’est-à-dire les moyens nécessaires à sa survie ; c’est-à-dire la nourriture, l’habillement, le lieu de résidence et les conditions d’éducation ;

- le rétablissement et l’extension du pouvoir de direction et d’encadrement de l’ONU, qui disposerait d’une « force de réaction rapide », conduisant au processus de désarmement universel sur le globe, en particulier visant à la subordination de l’industrie militaire existante dont l’aliénation menace aujourd’hui de détruire la culture humaine en général.

Il a également postulé une redéfinition du concept de « politique ».

Au lieu d’une lutte machiavélique pour « le pouvoir » et son maintien au pouvoir, le règne de " l’un sur l’autre ", le professeur propose de développer le sens de la mission d’un homme politique, dont l’objectif est de provoquer, de susciter un mouvement pour le développement des personnes, des individus, des humains dans leur humanité.

La mission fondamentale des " hommes politiques " aujourd’hui est d’abolir tout signe d’exploitation d’un peuple par un autre, et c’est une tâche particulière de « l’État » - au début du 21e siècle - d’abolir l’aliénation du capital financier et d’éliminer toutes les dettes qui permettront aux États et aux sociétés de retrouver l’opportunité de pouvoir bénéficier de leur droit au développement (29).

En même temps, il a produit d’autres livres démontrant les objectifs des " utopies réalistes ” (30).

Mais le devoir humaniste est aussi d’être capable d’établir une « prévision d’alerte ». Ainsi, déjà au début du 21e siècle, le professeur Karpiński avait mis en garde contre la possibilité d’une mise à jour de la " cyberutopie " dans laquelle le philosophe platonicien - dirigeant - utilisera le progrès technologique pour s’assurer un contrôle et une manipulation totale de la société à l’échelle mondiale (31).

Contrairement aux études contemporaines sur ce problème qui ne s’interrogent que sur les chances de survie de l’humanité dans ce nouveau monde orwellien (32). Après avoir diagnostiqué la crise culturelle, il a formulé les conditions devant permettre la victoire des valeurs humanistes.

Sophiologie

Une place importante dans les recherches d’Adam Karpiński a été trouvée dans la réalisation du " postulat de Nowicki " selon lequel un philosophe est seulement celui qui peut dire quelque chose de nouveau que personne n’a remarqué avant lui.

Il a écrit de nombreux ouvrages sur la voie de la recherche : histoire de la philosophie, schéma de la philosophie de la sagesse qui a évolué vers la " science de la sagesse ”, et enfin la " sophiologie ".

Un élément important de ce cheminement a été le développement de concepts sur les quatre types de pensée présents dans la culture :

- familière ;

- religieuse ;

- scientifique et philosophique.

Leur critique était basée sur leur propre proposition.

Dans la " science de la sagesse ", le penseur a souligné que les approches qui n’ont pas de point de repère « axiologique » comme base pour critiquer la réalité deviennent une idéologie, embellissant le " système ” par une " sagesse de courtisan ”. Selon lui, la sagesse n’est pas une vision du " paradis sur terre ”, de la " réconciliation ” de l’homme avec la nature, une vision de ce qui se passera " après avoir franchi le Rubicon ", l’accomplissement de ce qui devrait se réaliser, mais un " rêve ”, un " espoir ” en forme de bloc.

Et surtout, une constante " opposition à ce qui est ”.

La sagesse est immergée dans la pratique. Elle est ainsi chargée de la responsabilité de son utilisation pratique, le système " absorbe " les individus humains, engourdissant leur objectivité, en les amenant vers un état hypnotique, " anti-utopique " d’engourdissement, un état d’atrophie de l’esprit critique (33).

Ainsi, le professeur a actualisé l’approche connue depuis l’Antiquité, selon laquelle la philosophie constitue l’horizon de l’activité sociale, économique et politique. Parmi les résultats produits dans ce domaine - la conception de l’Homme, car après tout, cela constitue le cœur des sciences humaines et la base de la recherche en sciences sociales - ce qui mérite particulièrement d’être souligné.

Soulignant la nécessité de rejeter l’alternative comme étant la manière dominante de dépeindre la réalité dans la philosophie de l’Europe occidentale, Karpiński a proposé une approche conjonctive. Elle se manifeste dans la catégorie de la polyvalence de l’individu humain, qui comprend les éléments suivants :

a) la spiritualité intuitive et réfléchie ;

b) la spiritualité spontanée et créative ;

c) l’expérience de « l’individualité » ;

d) l’expérience de la communauté ;

e) le bien défini dans les perspectives : transcendant et ici et maintenant ;

f) la liberté multidimensionnelle comprise comme l’accomplissement de l’unité " individuelle - communautaire - biologique " unie à la responsabilité multidimensionnelle. Un tel concept - comme on peut facilement le voir - s’oppose à diverses idéologies :

- le " socialisme " de l’époque communiste, qui niait l’individualisme ;

- le " libéralisme ", qui niait la communauté ;

- une approche religieuse, qui marquait « Dieu » comme le seul bien transcendant ; ou la pensée " postmoderne " à la mode, qui niait l’aspect rationnel, réfléchi ou responsable.

Ainsi, l’approche jusqu’ici fragmentaire (ornières Whitehead) a été remplacée par « l’universalisme ». Cependant, elle est aujourd’hui très indésirable.

Du point de vue des intérêts de la classe des propriétaires des entreprises transnationales, une telle anthropologie est évidemment inacceptable. Ainsi, de nouveaux particularismes sont promus pour s’y opposer : le « féminisme », « l’écologisme », le « technocratisme », ainsi que le « transhumanisme ».

Cependant, l’approche de Karpiński reste un potentiel pour les forces qui veulent sortir le monde de sa " crise culturelle ”.

La pensée slave

La crise culturelle résultant de la domination de la civilisation occidentale a largement contribué au développent de recherches au sein d’une pensée " orientale ”, " est-européenne " (34).

Dans les travaux qu’il a consacré aux " slavophiles " qui critiquaient l’acceptation superficielle et non critique de la culture de « l’Europe occidentale » et le transfert de ses éléments à la Russie, il a trouvé des tentatives inspirantes pour résoudre les problèmes actuels (35) d’autant plus que le développement de la science au XXe siècle a conduit à la remise en question du paradigme " cartésien-newtonien " (36).

Une réalisation importante du Professeur Karpiński a été la formulation d’un nouveau paradigme ; un départ de la relation " sujet-objet " vers le " sujet-sujet " (37).

Après plusieurs années de recherche, cela a pris la forme de principes :

1. " écologie " ;

2. " holisme " ;

3. " organismalité " ;

4. " systémicité " ;

5. " ascension " du concret vers l’abstrait et de celui-ci vers le concret ;

6. différenciation entre le manifeste et l’essentiel pour une synthèse ciblée (concrétisation) ;

7. synthèse de la pensée conjonctive, " abolir " (aufhebung, Hegel) son caractère alternatif.

Ces principes ressemblent à un " arc-en-ciel " dans le ciel. Ses couleurs s’imprègnent " les unes les autres ", mais peuvent être distinguées, mais seulement dans le contexte de l’ensemble (38).

Dans cette perspective, combien est " ahistorique " la recherche positiviste encore trop fréquente ; et certainement la subordination des acquis des sciences humaines et sociales à son " positionnement ”.

Dans ce domaine de recherche, Karpiński a consacré une attention particulière à l’étude de Nikolaï Berdiaev (39). Le cheminement de la pensée de Karpiński semble à ce stade assez similaire aux biographies du philosophe russe qui a commencé son cheminement par le marxisme mais qui l’a finalement aboli (aufhebung) par le biais des " philosophies religieuses ".

A la suite de Berdiaev, Karpiński a postulé de son côté l’abolition de la catégorie d’ " humanité ” décrite comme étant " nature humaine, qualités humaines essentielles, dignité humaine, être un humain ”, au profit d’une " théohumanité ”, d’un " homme-dieu " (40), car « l’humanité authentique est une ressemblance à Dieu, un élément de Dieu dans l’Homme. L’élément divin dans l’Homme n’est pas " naturel " et n’est pas non plus un " acte de grâce " spécial, mais c’est un principe spirituel en tant que réalité distincte » (41).

La résonance et la pertinence de sa réflexion sur l’idée russe est convaincante à cause de la publication de " sa pensée en Russie " dans une revue politique influente (42).

Enfin, il convient de noter que le professeur a tenté de développer une idée slave contemporaine, qu’il a appelée " libéralisme slave ” d’après Mirosław Nowaczyk.

La liberté individuelle y était relativisée par rapport à d’autres valeurs - justice, nation, État, valeurs morales - sanctionnées par la religion (43).

Dans une autre étude, il a tenté de répondre à la question " De quelle philosophie les Polonais ont-ils besoin ?

Il a ensuite fait référence au travail d’Adam Mickiewicz, qu’il a répété : " Qu’est-ce que créer un homme, développer ses capacités, son génie ? C’est pour l’aider à rompre les liens d’organisation ” (44).

Il s’agit d’un postulat inamovible pour l’autonomisation des individus et des groupes sociaux. Bien que le fascisme et le nazisme ainsi que le communisme soviétique aient été abolis dans l’Histoire, la " fin de l’Histoire ” n’a pas eu lieu et c’est pourquoi le professeur Karpiński postule que l’individu humain devrait être libéré de nos jours de sa subordination au " mondialisme " contemporain qui est un outil pour le développement du " Bien ” - la richesse au profit des sociétés transnationales.

L’impact de cette approche a été évident dans les travaux de ses élèves.

Le point culminant du cheminement de cette pensée sous cet aspect est la catégorie « d’humanité ». Ce nouveau concept en science décrit l’essence de l’idée de l’Homme, son courage éthique et sa bonté en tant que tels, constitués par les valeurs présentées ici.

Cette idée est remplie de valeurs décrites formellement et logiquement ; formellement, symboliquement, théoriquement et objectivement. Le professeur Karpiński a expliqué la signification du nom par analogie : l’idée d’un cheval exprime la " chevalité ” et de même, l’idée « d’être humain » exprime " l’humanitude ” (45).

La richesse de la science développée par le professeur Adam Karpiński est évidemment bien plus grande que le contenu de notre article. Comme toute « Grande Pensée », elle exige de son destinataire une certaine maturité spirituelle, souvent retravaillée à plusieurs reprises, et des qualités prognostiques et utopiques, sous la forme d’une anticipation de l’apparition d’un " Homme nouveau " et d’un " Nouveau Monde " humaniste, qui ne se verront que dans le futur, bien que les premiers rayons confirmant la justesse de sa pensée, clignotent déjà de derrière l’horizon.

Après tout, il existe des États puissants dans le monde qui font du « droit au développement » et à la coopération subjective basée sur l’idée de la généralisation de profits " gagnant-gagnant ” le principal postulat pour la construction des relations internationales.

Toutefois, il est également nécessaire de tenir compte de l’individualité.

Le passage de la civilisation à l’ère de " l’intelligence artificielle " offre à cet égard une grande opportunité. Adam Karpiński clarifie la question : " l’Histoire de l’Homme ne fait que commencer, car c’est maintenant que le robot - l’agent naturel du travail de production (Karl Marx) - le remplace dans le dur et pesant labeur.

Dans cette Histoire, c’est l’Homme, chaque être humain, qui peut faire autre chose que produire.

Et que peut-il faire ?

Souvenons-nous des Grecs. Il y avait des esclaves qui travaillaient pour eux. Et les Grecs ont " festoyé ”, c’est-à-dire qu’ils ont philosophé.

À l’avenir, l’esclave sera un agent naturel du travail de production. Et un homme sera assis dans un festin où il discutera sur ce qu’est " Eros ” (46). Bien que jusqu’à présent, de nombreux éléments indiquent que nous ne voulons pas profiter de cette opportunité, l’optimisme de " la pensée tragique " du professeur Adam Karpinski est précisément fondé sur la confiance que cette prochaine grande tâche de l’humanité sera un jour atteinte.

Gracjan CIMEK

lapenseelibre.org

* Enseignant-chercheur en géopolitique. Directeur Adjoint de « l’Institut des Sciences humaines et sociales » de " l’Académie de Marine de Guerre " de Gdynia, Pologne.

Notes :

1 - G. Cimek, " Optymizm tragizmu –rozważania wokół myśli Adama jana Karpińskiego ” (in :) Gracjan Cimek, Sebastian Dama (Dir.), " Przezwyciężyc Kryzys Kultury " (" Dépasser la crise de la culture "), Gdynia, Académie de Marine de guerre, 2020, pp. 13-28, 154 p. Traduction Bruno Drweski.

2 - http://adamkarpinski.pl/

3 - Qui a été l’éditeur du livre Andrzej Nowicki, " Filozofia masonerii. U progu siódmego tysiąclecia ", Gdynia 5997, p. 374. (" La philosophie de la Franc-maçonnerie. A l’approche du septième millénaire ").

4 - Sur la question de l’essence de la culture : Andrzej Nowicki, Zdzisław Słowik,

http://www.racjonalista.pl/kk.php/s,4480

5 - M. Nowaczyk, " Filozofia jako krytyka moralna ", (w : ) " Przemiany i kontynuacje. Prof. dr. hab. Wiesławowi Mysłkowi w darze " (" La Philosophie comme critique morale ", in " Transformations et Continuités, Travaux offerts au Prof. Wieslaw Myslek ", praca zbiorowa pod red. E. Sajdak-Michnowskiej, Instytut Filozofii WSP Słupsk, Słupsk 1999, pp. 90 – 91.

6 - Cf. S. Kozyr – " Kowalski, Socjologia, społeczeństwo obywatelskie i państwo " (" Sociologie, société civile et Etat "), Wydawnictwo Naukowe UAM, Poznań 1999, p. 27.

7 - Idem, p. 180.

8 - Cf. A. Walicki, " Marksizm i skok do królestwa wolności. Dzieje komunistycznej utopii " (" Le marxisme et le saut vers le Royaume de la liberté. Histoire de l’utopie communiste "), Warszawa 1996.

9 - A. Karpiński, " Próba rekonstrukcji przesłanek teoretycznych Marksowskiej koncepcji kultury i religii " (" Tentative de reconstruire les prémices théoriques de la conception marxienne de la culture et de la religion "), Gdynia 1990, p. 5.

10 - A. Karpiński, " Marksa uwięźnięcie w kulturze przyczyną utopijności utopii komunistycznej " (" l’enchaînement de Marx dans la culture comme cause du caractère utopique de l’utopii communiste ") Nowa Krytyka. " Czasopismo filozoficzne ”, nr 30/31, Wydawnictwo Naukowe Uniwersytetu Szczecińskiego, Szczecin 2013, p. 289 – 318. Lors d’une de ses conférences portant sur la philosophie allemande à l’Institut de Philosophie et de Sociologie, rue Bielańska à Gdańsk, il a souligné que le marxisme devrait être complété par les réalisations des études culturelles et de la psychologie sociale contemporaine.

11- K. Marks, " Tezy o Feuerbachu ",

https://www.marxists.org/polski/marks-engels/1845/tezy_o_feuerbachu.htm

12 - La première idée fut celle de créer une « Association des chevaliers du Verbe », ce que l’auteur de l’article a réalisé en réunissant un groupe d’étudiants en droit, en économie, en sociologie et en sciences politiques lors de séminaires communs au début de l’année 2000.

La seconde fut la création du " Nouveau parti de la gauche polonaise " qui a été actif dans la " Tri-ville " Gdansk-Sopot-Gdynia pendant plusieurs années.

13 - P. Artus, M. – P. Girard, " Wielki kryzys globalizacji " (" La grande crise de la mondialisation "), Instytut Wydawniczy Książka i Prasa, Warszawa 2008.

14 - Z. Wiktor, " Chińska wizja budowy socjalizmu w świetle materiałów XIX zjazdu KPCh " (in), " Wektory zmian w polityce Chińskiej Republiki Ludowej w okresie rządów Xi Jinpinga " (" La vision chinoise de la construction du socialisme au regard des textes du XIXe congrès du Parti communiste chinois " ; in : " Les Vecteurs de changements dans la politique de la République populaire de Chine depuis l’arrivée de Xi Jinping "), red. J. Marszałek–Kawa, M. Bidziński, Toruń 2018, p. 30.

15 - Le chercheur chinois renommé, le professeur Zhang Weiwei, a déclaré devant la « Commission des Droits de l’Homme » des Nations unies à Genève en 2010 :

« Il y a quatre ans, j’ai visité la Pologne. J’ai vérifié l’enquête menée par l’agence (américaine) " Pew ", selon laquelle 72 % des Chinois sont satisfaits de la situation dans leur propre pays, alors que seulement 13 % des Polonais sont satisfaits de la situation dans leur propre pays.

Si c’est le cas, je vous demande qui doit apprendre de qui ?

J’espère que vous pourrez visiter Gdańsk, le berceau de " Solidarnosc " et Varsovie, puis Shanghaï, le berceau du mouvement ouvrier chinois. Vous comprendrez alors lequel de ces lieux représente l’avenir du monde  ». B. Góralczyk, " Wielki renensans. Chińska transformacja i jej konsekwencje " (" La grande Renaissance. Les transformations de la Chine et ses conséquences "), Wydawnictwo Akademickie Dialog, Warszawa 2018, p. 333-334.

16 - R. Varghese, " Marxist world. What Did You Expect From Capitalism ", " Foreign Affairs ” vol. 97, nr 4,2018, p. 35.

17 -A. Karpiński, " Nadzieje i obawy Unii Europejskiej - super państwa XXI wieku ” (" Espoirs et craintes : l’Union européenne comme super-Etat du XXIe siècle "), Zeszyt nr 1, rok 2005, Wydawnictwo Gdańskiej Wyższej Szkoły Administracji, Gdańsk 2005, pp. 49 – 59.

18 - A. Karpiński, " L’essence du capital constitue la barrière empêchant l’intégration politique et culturelle de l’Europe et la réalisation des États-Unis d’Europe ” in : X lat Polski w Unii Europejskiej – doświadczenia i perspektywy, pod red. M. Borkowskiego i A. Friedberg, Wydawnictwo Gdańskiej Szkoły Wyższej, Gdańsk 2014, pp. 99‒108.

19 - A. Karpiński, " Religijne artefakty kulturowe problemem metodologicznym analizy zjawisk społecznych ”, (" Les artefacts religieux culturels comme problème méthodologique de l’analyse des phénomènes sociaux "), " Zeszyty Naukowe Koszalińskiej Wyższej Szkoły Nauk Humanistycznych ", Zeszyt nr 8. " Problemy nauk społecznych ", Koszalin 2011, pp. 59 – 69.

20 - " Les économistes sont devenus les nouveaux prêtres d’une grande partie de l’activité humaine. La création de richesses, la création d’emplois, l’épargne et l’investissement. Ils étaient bien préparés pour leur ministère et disposaient des équations, des modèles et des ordinateurs nécessaires ”. J. Rickards, Wojny walutowe. " Nadejście kolejnego globalnego kryzysu " (" Les guerres des monnaies. L’arrive de la crise globale suivante "), Wydawnictwo Helion, Gliwice 2012, p. 153. L. Dowbor, " Demokracja ekonomiczna " (" Démocratie économique "), Instytut Wydawniczy Książka i Prasa, Warszawa 2009, p. 191.

21- Ainsi, H. Spencer, L. von Mises ou F. von Hayek s’occupent d’économie " eschatologique ", dans laquelle " Marché " = " la Providence ". T. Klementewicz, " Stawka większa niż rynek. U źródeł stagnacji kapitalizmu bez granic ", (" Des enjeux plus importants que le marché. A l’origine de la stagnation du capitalisme sans frontières " ), p. 57.

22 - F. Znaniecki, " Metoda socjologiczna, wstep do socjologii, pisma filozoficzne " (" méthode sociologique, introduction à la sociologie, œuvres philosophiques ").

23 - A. W. Gouldner, " Anty-Minotaur, czyli mit socjologii wolnej od wartości " (in :) " Kryzys i schizma ", t. I, " Antyscjentystyczne tendencje w socjologii współczesnej, wybór, wstęp " E. Mokrzycki (" L’Anti-Minotaure, ou le Mythe de la sociologie sans valeur " (in :) " Kryzys i schizma ", vol. I, " Les tendances antiscientistes dans la sociologie contemporaine, choix, introduction par E. Mokrzycki "), przekł. Zbiorowy, PIW, Warszawa 1984, p. 42.

24 - A. Karpiński, " Wstęp do socjologii krytycznej " (Introduction à la sociologie critique), 2006

25 -A. Karpiński, " Wstęp do socjologii " (" Introduction à la sociologie "), Gdańsk 2000, p. 4.

26 - Cf. R. A. Tokarczuk, " Polska myśl utopijna - trzy eseje z dziejów " (" La pensée utopique polonaise – Trois essais historiques "), Lublin 1995.

27 - Voir également : T. Kowalik, " W kierunku ‘realnych utopii " [in :] " Spotkania z utopią w XXI wieku " (" Vers des utopies réalistes in : Rencontre avec l’utopie au XXIe siècle "), pod red. P. Żuka, Oficyna Naukowa, Warszawa 2008, pp. 19‒48 ; J. Kochan, " Czy utopia jest utopią ? " (" Est-ce que l’utopie est une utopie ? "), [in :] " Spotkania z utopią "…, pp. 201‒214.

28 -A. Karpiński, " Utopijność utopii w judeochrześcijańskim obszarze kulturowym ”, (in : ) " Utopia wczoraj i dziś " (" L’utopie de l’utopie dans l’espace culturel judéo-chrétien ", (in : ) " L’Utopie hier et aujourd’hui "), T. Sieczkowski, D. Misztal (red.), Wydawnictwo Adam Marszałek, Toruń 2010, pp. 362 – 384 ; G. Cimek, " Utopia polityki wobec wyzwań współczesności "(" L’utopie politique face aux défis contemporains ") (in :) Idem, pp. 343 -361.

29 - A. J. Karpiński, " Prywatna własność środków produkcji. Od ojcobójstwa do syna marnotrawnego " (" La propriété privée des moyens de production. Du meurtre du Père au Fils gaspilleur "), Wydawnictwo Gdańskiej Wyższej Szkoły Administracji, Gdańsk 2010, pp.112-134.

30 - L. Dowbor, " Demokracja ekonomiczna ", (" la Décmoratie économique ") Instytut Wydawniczy Książka i Prasa, Warszawa 2009 ; S. George, Czyj kryzys, " czyja odpowiedź " (" La crise de qui et la réponse à qui "), Instytut Wydawniczy Książka i Prasa, Warszawa 2011. Même l’apologiste du capitalisme mondialisé, Jacques Attali, a averti que la démocratie pourrait tomber, y compris en Occident. Ainsi, " l’utopie redeviendra indispensable pour la vitalité de la démocratie ". J. Attali, Słownik XXI wieku (" Dictionnaire du XXIe siècle "), trad. B. Panek, Wrocław 2002, p. 48.

31 - A. Karpiński, " Kryzys kultury współczesnej " (" la Crise de la culture contemporaine "), Gdańsk 2003, pp. 84-99.

32 - Por. A. Zybertowicz z zespołem, " Samobójstwo Oświecenia ? Jak neuronauka i nowe technologie pustoszą ludzki świat " (" Le suicide des Lumières ? Comment les neurosciences et les nouvelles technologies vident le monde de son contenu humain "), Wydawnictwo Kasper, 2015.A. Kaźmierska, W. Brzeziński, Strefy cyberwojny, (" Les espaces de cyberguerre "), 2018.

33 - A. Karpiński , " Wstęp do nauk o mądrości. Część pierwsza " (" Introduction à la science de la sagesse. Première partie "), Gdańsk 2015, pp. 9-11.

34 - A. Karpiński, " Idea słowiańska. Pomiędzy słowianofilstwem a akcydentalizmem ", (in : ) Sławianstwo : nacjonalnyj i regionalnyj aspiekt. Moscou 2001, pp. 91 – 95. " Próby przezwyciężenia Rozumu Europejczyka w filozofii słowiańskiej ", (in : ) " Granice Europy. Granice Filozofii. Filozofia a tożsamość Rosji ", (" L’idée slave. Entre slavophilie et accidentalisme ", (in : ) " Slavité : Aspect national et régional ". Moscou 2001, pp. 91 - 95. " Tentatives de surmonter la raison européenne dans la philosophie slave ", (in : ) " Frontières de l’Europe. Frontières de la philosophie. Philosophie et identité de la Russie ".), Włodzimierz Rydzewski i Leszek Augustyn (red.), Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, Cracovie 2007, pp. 241 – 251.

35 - D’ailleurs " Leur critique du rationalisme occidental et de l’industrialisation peut être juxtaposée aux travaux des critiques contemporains du paradigme cartésien et de l’industrialisme. ” (Fritjof Capra, Alvin Toffler, Hazel Henderson)”. Z. Madej, " Rosyjskie zmagania cywilizacyjne " (" Les luttes de civilisation en Russie "), Oficyna Naukowa, Varsovie 1993, p. 53.

36 - Cf. F. Capra., " Punkt zwrotny " (" la percée "), Państwowy Instytut Wydawniczy, trad. E. Woydyło, Introduction A. Wyka, PIW, Varsovie 1987.

37 - A. Karpiński, Kryzys..., op.cit.., p. 68.

38 - A. J. Karpiński, " Światopogląd ", (in :) Świat nazwany. Zarys encyklopedyczny (" Conception du monde in : Le Monde tel qu’on le nomme. Aperçu encyclopédique "), 2019, p. 589.

39 - A. Karpiński, " Mikołaja Bierdiajewa sens twórczości jako sens historii. Fotografia jednego ujęcia, (w :) Festiwal filozofii, t. 6. Oblicza współczesności ” (" Le sens de l’œuvre de Nicolas Bierdiaiev comme sens de l’histoire. Photographie d’un seul cliché, (in :) les Visages de la philosophie, vol. 6. Les Visages du temps contemporain. "), E. Starzyńska – Kościuszko, A. Kucner, P. Wasyluk (red.), Instytut Filozofii UWM w Olsztynie, Olsztyn 2014, pp. 503 – 515.

40 - A. Karpiński, " Od ojcobójstwa do syna marnotrawnego. O potrzebie idei Bogoczłowieczeństwa w politologii współczesnej ", (in :) " Rozpad ZSRR i jego konsekwencje dla Europy i świata. Część 1. Federacja Rosyjska " (Du parricide au fils prodigue. Sur la nécessité de l’idée de théohumanité dans la science politique contemporaine, (in :) L’effondrement de l’URSS et ses conséquences pour l’Europe et le monde. Partie 1 : La Fédération de Russie "), A. Jach (red.), Kraków 2011, pp. 173 – 197.

41- A. Karpiński, " Bogoczłowieczeństwo istotną kategorią we wzrastaniu człowieka ku wartościom " (" La théohumanité comme catégorie pertinente pour le développement de l’homme vers des valeurs ") .

42 - A. Karpiński, " Rosyjska idea na kanwie myśli M. Bierdiajewa ", (" L’Idée russe comme canevas de la pensée de N. Berdiaiev "), " Mieżdunarodnaja Żizń ", nr 1, Wydawnictwo Ministerstwa Spraw Zagranicznych Rosji, edycja polska, 2014,

https://lang.interaffairs.ru/index.php/pl/strona-g-wna/dyplomacja-narodowa/item/213-rosyjska-idea-na-kanwie-my-li-m-bierdiajewa Cf. G. Cimek,

" Istota rosyjskiej idei, (in :) Rosja. Państwo imperialne ? " (" L’essence de l’Idée russe (in) La Russie : un Etat impérial ? "), Gdynia 2011, pp. 99 – 157. S. Dama (Dir.) ; M. Eltchaninoff, " Co ma Putin w głowie ? " (" Qu’est-ce que Poutine a dans la tête " ?).

43 - Adam Karpiński, Uniwersytet Gdański, " Liberalizm słowiański. Perspektywa XXI wieku " (" Le libéralisme slave. Perspectives pour le XXIe siècle "), Gdańsk, 4 październik 2001 (rękopis - manuscrit). Por. M. Nowaczyk, Współczesna idea słowiańska w Rosji (L’idée slave contemporaine en Russie), Acta Polno-Ruthenica, t. IV , Olsztyn 2001, p. 169-182 za : P. Eberhardt, " Słowiańska geopolityka. Twórcy rosyjskiej, ukraińskiej i czechosłowackiej geopolityki oraz ich koncepcje ideologiczno –terytorialne " (" Géopolitique slave. Les créateurs de la géopolitique russe, ukrainienne et tchécoslovaque et leurs conceptions idéologiques et territoriales "), Cracovie 2017, p. 186.

44 - A. Mickiewicz, " Dzieła prozą " (les oeuvres de prose), wyd. T. Pini, wyd. zupełne, z portretem poety, tom IV i V, Wykłady o literaturach słowiańskich (Cours sur les littératures slaves). Rok I, II, III, IV, Nakładem Komitetu Mickiewiczowskiego, Nowogródek 1933, s. 312.

45 - A. Karpiński, " Człowieczeńskość " (" L’humanitude "), [in :] tegoż, Świat nazwany…, (le monde nommé…) Op. Cit. p. 130.

46 - A. Karpiński, " Utopijnośc utopii w judeochrześcijańskim obszarze kulturowym ”, (in : ) Festiwal filozofii, t. 1. Utopia wczoraj i dziś, (" L’utopie de l’utopie dans l’espace culturel judeo-chrétien " in : " Le Festival de la philosophie " t. 1. L’utopie hier et aujourd’hui), T. Sieczkowski, D. Misztal (Dir.), Wydawnictwo Adam Marszałek, Toruń, 2010, pp. 362 – 384.