Fin automatique du " passe vaccinal " : Véran met son veto
Fin automatique du " passe vaccinal " : Véran met son veto
Olivier Véran a demandé sur " France info " de retirer les mécanismes qui permettent de lever automatiquement le passe sanitaire. AFP
Au Sénat, la majorité de droite a voulu fixer les conditions pour lever automatiquement le " passe vaccinal ", notamment en fonction du nombre de lits occupés à l’hôpital. Mais le ministre de la Santé Olivier Véran s’y est opposé.
Le gouvernement n’est pas prêt à lâcher si facilement son " passe vaccinal ". Le ministre de la Santé Olivier Véran a exprimé ce mercredi 12 janvier sur " France info " son désaccord avec certains mécanismes de levée automatique du passe votés au « Sénat ». La majorité de droite a établi la veille trois conditions pour que le " passe vaccinal " se maintienne dans le temps : un nombre de lits occupés dans les services de " réanimation " supérieurs à 10 000 au niveau national, un taux de vaccination supérieur à 80 % et un taux d’incidence faible au niveau départemental.
Olivier Véran a toutefois annoncé qu’il demandera " de retirer ce critère d’hospitalisation ".
« Imaginez qu’on ait 9 000 patients à l’hôpital et qu’on ait un variant qui arrive et qui circule à une vitesse flamboyante. On serait en incapacité de remettre le " passe " », a-t-il justifié. Le ministre précise que le " passe " sera de toute façon limité dans le temps, « sachant que la loi nous contraint à suspendre ces dispositifs dès que " l’urgence sanitaire " n’est plus une évidence. »
Difficile dès lors pour les Français d’avoir une idée précise de l’échéance de cette mesure.
" LE VIRUS N’EN A RIEN À FAIRE DES DÉPARTEMENTS "
Une seule date a été fixée à titre indicatif : le 31 juillet 2022.
Le gouvernement pourra décider de prolonger d’ici là le " passe vaccinal " en fonction de la situation épidémique. La majorité préfère en tout cas s’attendre au pire afin de mieux le prévenir.
" Je suis incapable de vous dire ce qui va se passer dans 15 jours ou 3 semaines ", affirme Jean-Pierre Pont, député " LREM " du Pas-de-Calais et rapporteur du projet de loi à « l’Assemblée nationale ».
L’élu assure qu’il a " appris " des erreurs passées, quand l’importance du virus avait été minimisée par le gouvernement au début de la pandémie. « Peut-être qu’un nouveau variant comme celui annoncé à Chypre, le " Deltacron ", finira par arriver en France pour aggraver la situation… Je suis médecin, pas devin », ironise-t-il.
En attendant, " il faut mettre le plus de barrières possibles au virus ", insiste Jean-Pierre Pont. Le député s’oppose ainsi à la mise en place de " leviers départementaux " pour la levée du " passe vaccinal ".
" Le virus n’en a rien à faire des départements, argumente-t-il. Et vous vous imaginez devoir vous adapter à la règle en vigueur dès que vous changez de département, lorsque vous partez en vacances, par exemple ? La situation doit forcément être étudiée au niveau national ".
Le rapporteur du projet de loi sur le " passe vaccinal " se veut toutefois rassurant concernant la durée du sésame.
" Le gouvernement a prouvé que quand il peut se passer d’une mesure restrictive, il le fait très tôt ", soutient-il. L’un des scénarios les plus plausibles pour la fin du " passe " serait donc que les personnes qui n’ont pas leur schéma vaccinal complet se fassent contaminer par le variant majoritaire, en l’occurrence " omicron "... pour le moment.
" LA MAJORITÉ CONTINUE DE GOUVERNER PAR LA PEUR "
Le sort des mécanismes permettant la levée du " passe vaccinal " dépend désormais des négociations qui ont lieu à la « Commission mixte paritaire », qui réunit sept députés et sept sénateurs titulaires, et autant de suppléants.
Les élus " Les Républicains ", à l’origine de ces amendements, craignent toutefois le manque de compromis du groupe " LREM " à « l’Assemblée ».
" Je ne vois pas de signe d’ouverture de leur part ", appuie Anne-Laure Blin, député " LR " de Maine-et-Loire. Pour celle qui s’était opposée au " passe vaccinal " lors du vote à « l’Assemblée », les déclarations d’Olivier Véran sont une nouvelle preuve " que la majorité continue de gouverner par la peur. Dans la perspective de l’élection présidentielle, on peut se poser les questions sur les arrière-pensées du gouvernement ", s’inquiète-t-elle.
Le rapporteur du projet de loi au « Sénat » - Philippe Bas (" LR ") - avait annoncé à " Marianne " ne pas vouloir " laisser le maintien du passe vaccinal à la discrétion du gouvernement ".
« L’objectif de ce projet de loi est de désengorger les hôpitaux, détaille-t-il. Alors si les services de réanimations ne sont plus saturés, les restrictions de libertés des " non vaccinés " n’ont plus lieu d’être. »
En cas d’échec de négociations lors de la « Commission mixte », le projet de loi reviendra pour une nouvelle lecture à « l’Assemblée nationale », qui aura le dernier mot.
Axel PERRU
Marianne.fr