Face à une tempête mondiale, sortir de l’impasse d’Oslo
Face à une tempête mondiale, sortir de l’impasse d’Oslo
A la mémoire de la journaliste palestinienne, Shireen Abu Akleh, tuée de sang froid par un soldat sioniste.
Cela ne fait plus aucun doute, la guerre que la Russie mène en Ukraine a un double objectif.
Le premier est de contenir le " monde occidental " avec sa branche armée, l’OTAN, loin de l’Ukraine et de « l’Eurasie ».
Le second est d’ouvrir un nouvel espace politique à l’échelle mondiale pour un nouveau modèle de coopération économique, échappant à la main mise du FMI et de la « Banque Mondiale ».
C’est à dire aux États-Unis.
Cette confrontation en apparence, limitée dans l’espace, s’ajoute à deux autres points de confrontation géostratégiques.
Pour le moment, encore sous forme de " Guerre froide ".
Une deuxième " Guerre froide " dont l’intensité est mesurée par deux faits : le bombardement symbolique de Kiev pendant la visite du « Secrétaire général » de l’ONU, António Guterres et le survol de la mer du Japon par des bombardiers russes et chinois durant la visite à Tokyo du Président américain, Joe Biden.
Le premier de confrontation : la Chine
En tournée au Japon, le président Joe Biden, fait un lien entre l’Ukraine et Taïwan en déclarant qu’ " il ne s’agit pas seulement de l’Ukraine... Si les sanctions n’étaient pas maintenues à de nombreux égards, alors quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d’une tentative de prise de Taïwan par la force ? "
Tout en ajoutant que la Chine " flirte avec le danger ".
Afin de préciser la stratégie du gouvernement des États-Unis sous Jo Biden concernant la Chine, le « Secrétaire d’État » Antony Blinken a fait un long exposé, le 26 mai, où il précise que " la Chine est le seul pays qui a, à la fois l’intention de remodeler l’ordre international et de plus en plus les moyens de le faire sur les plans économique, diplomatique, militaire et technologique. " (1)
Tout en soulignant que les États-Unis et la Chine devraient faire face à des défis communs tels que la pandémie de " coronavirus " et la " crise climatique ".
La Chine a répondu sans détour : « les États-Unis payeraient un prix insupportable s’ils continuaient sur la mauvaise voie. » (2)
Tensions diplomatiques dans un décor de grandes manœuvres militaires avec comme acteurs, le Japon, la France et le " chef suprême ", les États-Unis.
Deuxième point de la confrontation : l’Iran et la Résistance libanaise
Au « Moyen-Orient », le scénario est identique. En effet, l’armée d’occupation de la Palestine va simuler une frappe de cibles éloignées des frontières d’Israël en déployant un grand nombre d’avions sur différents fronts dans le cadre d’un vaste exercice baptisé " Chariots de feu ".
Avec la participation des forces militaires américaines, notamment, aériennes.
Cible : l’Iran et la « Résistance arabe ».
Comme en Asie, les manœuvres militaires sont précédées ou accompagnées de discours diplomatiques s’appuyant sur le " droit international ".
Dans son intervention du 26 mai 2022 à l’Université de Georgetown devant un parterre de diplomates, le « Secrétaire d’État » Antony Blinken a cité plusieurs fois le " droit international ", la souveraineté des États, " l’autodétermination des peuples ", les " droits de l’Homme "...
Bref , dans l’exposé d’Antony Blinken, Russie, Chine, Iran étaient à l’ordre du jour mais point la puissance occupante de la Palestine.
Allant dans le même sens, un mois plus tôt, le " représentant spécial " de « l’Union européenne » pour le " processus de paix " au Proche-Orient, Sven Koopmans, fut reçu par le président libanais Michel Aoun.
Ce dernier est allé " droit au but " en soulignant que, d’une part, " le Liban soutient toute initiative européenne visant à relancer le processus de paix sur la base de l’initiative du sommet arabe de paix de Beyrouth de 2002 " (3) et que, d’autre part, " toute solution durable commence par mettre fin aux souffrances du peuple palestinien frère qui durent depuis 74 ans. Une fin juste, durable, globale et fondée sur le principe de deux États et la mise en œuvre des résolutions de la légitimité internationale. " (3)
Pour l’envoyé spécial Sven Koopmans, le président libanais était " hors sujet " puisqu’il est porteur de la clef pour sortir le Liban de la crise financière et sociale. Et de marteler que " les libanais n’ont plus aucune solution pratique sans aide extérieure européenne et américaine. " (4)
Et cette " aide " ne peut être fournie sans une adhésion du Liban au " processus de paix " au Moyen-orient. C’est à dire, " normalisation " avec l’État d’Israël avec comme condition première, le désarmement de la résistance libanaise : le " Hezbollah ".
En deux mots : isoler l’Iran.
En effet, pour le « Premier ministre » de l’État sioniste, Naftali Bennett, « pendant des années, le régime iranien a employé la terreur contre Israël et la région par l’intermédiaire de ses émissaires, mais la " tête de la pieuvre ", l’Iran lui-même, a bénéficié d’une sorte d’immunité. » (5)
A n’en pas douter, pour l’impérialisme occidental et l’État sioniste, " la période d’immunité du régime iranien est terminée ". (5)
Bref, ce 26 mai 2022 à l’Université de Georgetown, Antony Blinken a donné une définition de ce qu’est - et devrait être - le rôle, dans les relations internationales, des États-Unis, de « l’Union Européenne » (UE) et, en arrière plan, de l’État d’Israël : " le bon, la brute et le truand " !
« L’Autorité nationale palestinienne » (ANP) : oublier le conte des mille et une nuits
Les forces sionistes continuent la colonisation de la Palestine en cohérence avec l’idéologie sioniste conçue au " Congrès de Bâle " en 1897 avec le soutien des puissances coloniales de l’époque.
Des puissances coloniales qui, aujourd’hui, agissent sous l’étendard des " droits de l’Homme " et de la responsabilité de " protéger "...
Mille et une résolutions que « l’Union Européenne » et les États-Unis refusent d’appliquer à l’entité sioniste, tout en donnant à l’humanité entière des leçons de morale et de " civilisation ".
Palestine, Irak, Liban, Libye, Syrie, Yémen.. Sans oublier les autres peuples.
Pour revenir au droit d’exister du peuple palestinien et à sa souveraineté sur sa terre ancestrale, il est utile de rappeler que le 23 septembre 2021, le président de l’ANP, Mahmoud Abbas, avait déclaré à « l’Assemblée générale » de l’ONU :
" Israël a un an pour se retirer des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-est " et que " si nous n’y parvenons pas, alors à quoi bon maintenir la reconnaissance d’Israël dans les frontières de 1967 ". (6)
Nul besoin de " savoir lire dans le marc de café ", le 24 septembre 2022, les colons sionistes continueront à jouer leurs rôles avec la protection de l’armée occupante et le peuple palestinien le sien : résister.
Mais le 24 septembre 2022, le président de l’ANP aura-t-il la sagesse d’enlever la plaque " Impasse d’Oslo " et appeler à l’unité du mouvement national de libération palestinien ?
Car il est temps de réaliser que l’ANP sert doublement : donner " bonne conscience " à l’impérialisme occidental tout en diabolisant les forces de résistance palestiniennes.
Mohamed EL BACHIR
Le Grand Soir.fr
Notes :
(1)https://legrandcontinent.eu/fr/2022/05/28/la-doctrine-chinoise-de-ladm...
(2)https://lesobservateurs.ch/2021/12/31/pekin-menace-les-etats-unis-dun-...
(3)https://www-presidency-gov-lb.translate.goog/English/News/Pages/Detail...
(4)https://french.almanar.com.lb/2338459
(5)https://fr.timesofisrael.com/bennett-le-regime-iranien-ne-beneficiera-...
(6)https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/24/a-l-onu-mahmou...