Des ex-ministres de Hollande racontent l’amateurisme du début de quinquennat
Des ex-ministres de Hollande racontent l’amateurisme du début de quinquennat
Ils sont arrivés au pouvoir en pleine impréparation... C’est le récit tenu par une dizaine d’anciens ministres de François Hollande dans " Le Monde " de ce 20 mai. Consternant.
SIPA
Plus rien ne les retient. Une dizaine d’anciens ministres de François Hollande passent à confesse dans Le Monde de ce vendredi 20 mai. Ils analysent la situation d’un François Hollande même pas certain de pouvoir se représenter et d’une majorité parlementaire en miettes. Pour beaucoup, le constat est le même : le début du quinquennat Hollande a patiné pour cause d’amateurisme.
" Nous, socialistes, devons reconnaître que nous n’avons pas assez travaillé avant 2012 ", résume ainsi Nicole Bricq dans les colonnes du quotidien. Celle qui était chargée de l’écologie puis du commerce extérieur sous Jean-Marc Ayrault ajoute : " Si tout avait été clair au moment de l’élection, les frondeurs n’auraient pas existé, et ça nous aurait évité tout un tas de problèmes depuis quatre ans. "
Celle qui a notamment porté la loi sur le mariage pour tous, Dominique Bertinotti, ne dit pas autre chose :
« Ce qu’on paie aujourd’hui, c’est ni plus ni moins que quinze ans d’absence de réflexion idéologique au sens noble du terme. Il y a dix ans, quand Ségolène Royal a essayé de réinventer quelque chose autour de “ l’ordre juste ” et de la “ démocratie participative ”, toute la direction du PS l’a moquée. Après sa défaite, en 2007, on a mis le couvercle sur toutes les idées nouvelles, on est revenu à un discours très traditionnel et au fond très paresseux. On a pris, collectivement, des années de retard sur l’évolution de la société. »
Outre la réflexion de fond, certains ministres décrivent un manque de préparation très concret : certains domaines n’avaient pas été travaillés, tout simplement. Une fois arrivés dans leurs ministères, les " socialistes " ont dû se mettre en branle, et cela prend du temps.
La répartition des forces en présence n’a pas non plus toujours été optimale. Le récit de Thierry Repentin, balloté entre différents maroquins au début du quinquennat, est en cela édifiant. Expert sur les questions de logement, il se retrouve responsable... de la formation professionnelle. Résultat :
" J’avais travaillé pendant des mois sur la politique du logement et je me retrouve du jour au lendemain chargé d’un autre dossier d’une très grande complexité. Forcément, dans ce genre de situation, même en bossant nuit et jour, il vous faut au moins deux ou trois mois pour commencer à maîtriser le sujet. "
La situation ne s’arrange pas quand, par un jeu de chaises musicales dû au scandale Cahuzac, Thierry Repentin doit " tout laisser en plan " pour s’installer au ministère des Affaires européennes. Rien à voir : " J’ai atterri aux affaires européennes avec une nouvelle fois des dossiers hyper techniques à récupérer, sur les OGM, le traité de libre-échange transatlantique, etc. Une fois de plus, je suis reparti de zéro, avec des réseaux à constituer et une administration à découvrir. "
Le témoignage de Benoît Hamon va dans le même sens. Lui devient responsable d’un sujet... peu préparé dans le programme du candidat :
" En 2012, on me charge de l’économie sociale et solidaire et de la consommation. Or, en tout et pour tout, c’était trois lignes dans le programme de François Hollande. Bref, je me retrouve sans feuille de route précise et avec une besace, au départ, très légère. "
Ces récits s’enchaînent dans l’article très fouillé du " Monde " et le constat semble implacable : François Hollande et ses troupes n’étaient tout simplement pas prêts à gouverner.
Et le quinquennat est déjà quasiment sur le point de se terminer.
Delphine Legouté
Marianne