Affaire de la fillette trisomique défenestrée à Périgueux, ou l’enfer des structures d’accueil pour enfants violents

, par  DMigneau , popularité : 0%

Affaire de la fillette trisomique défenestrée à Périgueux, ou l’enfer des structures d’accueil pour enfants violents

L’annonce de la condamnation à six mois de prison avec sursis d’une directrice d’école de Périgueux laisse perplexe, quelques temps après le suicide d’une de ses collègues à Pantin (93).

Qu’on se le dise, de nos jours assurer une direction d’établissement scolaire est devenu un véritable calvaire :

- responsabilité pénale pour tout ce qui se passe dans l’école,

- harcèlement des familles et de l’administration,

- horaires " à rallonge " jusqu’à soixante heures par semaine...

Les enseignants ne se bousculent d’ailleurs plus pour s’inscrire sur les listes d’aptitude à la fonction de « directeur d’école ».

Le phénomène est amplifié quand il s’agit d’une structure d’accueil pour enfants handicapés. On entend par ce terme aussi bien des petits trisomiques et des autistes que des psychotiques ultraviolents comme le gamin de huit ans qui a defenestré sa camarade Laly du cinquième étage de l’école du Sacré-Coeur (photo ci-dessus).

C’était en janvier 2015 et l’affaire est passée au tribunal d’Angoulême, dans une ambiance de stress absolu d’après les rapports de presse.

Or, cette affaire dérange et interpelle, car c’est la question de la gestion des gosses " difficiles " qui est posée.

Condamner des « boucs émissaires » ne résoudra rien, bien au contraire. Votre narrateur peut témoigner qu’il a toujours été difficile de pourvoir les postes vacants dans les CLIS (classes spécialisées) de l’enseignement primaire.

Outre des enfants ingérables, les collègues punis par une affectation de ce type, souvent sans formation, devaient endurer les relations avec des parents parfois très particuliers.

Il y eu " l’affaire Pascal Barbeau " dans le « 93 », un collègue de CLIS accusé à tort d’un viol pédophile par une maman reconnue comme « psychotique », avec une lettre calomnieuse. Or, il fut disculpé puisqu’il ne travaillait pas le jour cité dans la missive (!)...

Dans un autre registre, un collègue de SEGPA (l’équivalent des CLIS en collège) s’était fait defenestrer du premier étage par ses élèves et s’en était tiré avec quelques fractures...

" Et si on parlait du plaisir d’enseigner ", proclamaient les campagnes de recrutement de profs dans les années 1990. Pas sûr que les collègues prennent toujours leur pied en venant travailler.

Concernant le cas de Laly, c’est sans doute la jurisprudence Philippe Boubet qui a été appliquée.

En 1996, une élève de CM2 d’Epinay-sur-Seine était morte elle-aussi défenestrée après s’être assise au bord d’une fenêtre de sa classe située au deuxième étage. Le maire de la commune, d’abord mis en cause, avait été relaxé au détriment du lampion enseignant.

Nous sommes dans la continuité de cette judiciarisation des incidents graves en milieu scolaire, avec le prof en première ligne.

Quelles remarques tirer de ces tristes faits divers ?

Hormis la dégradation connue du « climat scolaire », c’est la vétusté des locaux qui pose problème et l’ultra-violence d’enfants désocialisés très jeunes.

Le meurtrier de Laly avait été violé par son père, ce qu’ignorait son institutrice (!). Son dossier n’avait pas été communiqué à l’école.

Était-il traité médicalement à la ritaline, par exemple ?

Or, l’école n’est pas hôpital psychiatrique pour fous dangereux, mais un lieu d’apprentissages... en théorie. Ces enfants étaient scolarisés au cinquième étage d’un vieil immeuble, aux escaliers certainement en colimaçon, ce qui est infernal pour monter en classe un groupe d’élèves (perturbés en plus !), avec des locaux mal agencés : il suffit pour cela d’examiner la photo d’illustration de l’article : immeuble ancien avec portail à la peinture délavée...

De nos jours, les écoles neuves sont construites sans étage, avec un soin porté à la sécurité.

L’école du Sacré-Coeur semble bien loin d’être " sécurisante ".

Où était la fameuse « commission de sécurité » du secteur ?

A priori, c’est le diocèse qui est propriétaire des locaux : ses responsables ont-ils été cités à comparaître au tribunal ?

Cette pénible affaire est un concentré de l’hypocrisie et du manque de solutions face à la question de la scolarisation des enfants violents.

Manque de moyens matériels et d’investissement de nos « pouvoirs publics », dans un climat de réduction des dépenses scolaires.

Manque de solutions face à la désintégration des milieux populaires où « violences conjugales », immaturité des parents, alcoolisme, drogue et incestes deviennent courants.

Manque de soutien des enseignants livrés à eux-mêmes face à des cas lourds quasi ingérables.

Beaucoup de manques, face à des besoins de plus en plus criants. Ce n’est pas à « la Justice » de solutionner la question, mais à l’ensemble de la société, en investissant sérieusement dans la prise en charge des enfants de l’éducation spécialisée...

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